De quoi seront faits vos lendemains?

Je réfléchis souvent sur les notions de carrière et de job stable, qui sont, à mon avis, deux entités souvent bien différentes. Il est étonnant par exemple de constater qu’un milieu comme celui des communications, plein de défis et en constante mutation, est souvent en entreprise un secteur faible et archaïque, avec des postes étriqués et surspécialisés.

Or, la carrière est censée être une occupation professionnelle qui présente plusieurs étapes pour être, à maturité, couronnée de l’adjectif « brillante ». Le job stable peut ressembler à une carrière, il peut aussi en être une, mais souvent, c’est un « poste » du secteur public ou parapublic, avec des tâches routinières bien définies, des responsabilités plutôt diffuses et un emploi du temps figé dans le béton. Le job brille rarement.

Pour garder le poste longtemps, il suffit de maîtriser les tâches routinières pour ne plus avoir à s’en soucier (on dira alors « rouler la job »), d’être à l’heure et de toujours prétexter être débordé par les dites tâches routinières (mais en finissant à l’heure) qui, disons-le, occupent moins du tiers d’une journée, le reste étant consacré aux jeux de pouvoirs (consultation à porte fermée pour montrer son sérieux au supérieur) et à des réunions sans procès-verbaux (pour préserver la nature diffuse de la responsabilité individuelle).

Lorsque vous roulez bien la job, il ne faut pas oublier de feindre méconnaître certains aspects du boulot pour aller de formation en formation et obtenir des évaluations de progression professionnelle positives, même si en fait, vos tâches seront sensiblement les mêmes pour les 20 années à venir. Bref, un job stable est un job dont le salaire croît régulièrement, mais où l’être ne croît plus beaucoup… À moins, direz-vous avec justesse, de se réaliser en-dehors du travail, ce qui est tout à fait possible si votre poste vous laisse le sentiment du devoir accompli et non pas du « moi anéanti ».

Dans ce contexte de durée et de normes rigides, les données nouvelles sont vues selon le prisme de l’historique de l’entreprise et une grande partie de l’énergie dépensée au travail, l’est à garder les choses comme elles sont. Comme l’innovation est ou n’est pas, elle devient impossible, car les nouvelles façons de faire ne sont acceptées qu’en partie, c’est-à-dire sans possible efficacité. Si vous vous demandez ce que je veux dire ici, imaginez-vous essayer de développer un projet innovateur avec des équipiers qui n’acceptent de communiquer que par fax et sont opposés aux logiciels de gestions de projets. Oui, c’est ça : le temps que vous touchiez le but, votre projet sera obsolète.

Toutes ces considérations font partie de ma présente réfléxion et s’additionnent aux questions que soulève le fait que je compléterai sous peu une maîtrise en études des arts (retardée par divers trucs administratifs hors de mon contrôle la plupart) et un diplôme d’études supérieures en gestion (ce qui soulèvera certainement de mon côté encore plus de questions).

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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3 réflexions sur « De quoi seront faits vos lendemains? »

  1. Nadia,
    Tu as oublié au 2 et 3ième paragraphes, « de courir dans les passages avec des papiers en gesticulant et en parlant sans avoir de «Blue tooth» planté dans l’oreille »….
    S-T c’est ça qu’il faut supporter.

  2. J’ai de fait vu des gens qui auraient gagné vraiment plus cher s’ils avaient été payé au kilomètre couru dans les corridors…

  3. T’es officiellement une entrepreneure! Va retrouver les gens de ta sorte et tout va entrer dans l’ordre. Tu recevras $150/heure pour divertir les même personnes sans avoir à les endurer tout le temps…

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