Toutes soifs confondues…

Bling, la preuve qu'on avait pas touché le fond de la bouteille... Image tirée de Wired.com

Cet article avait été publié à l’origine en 1999 dans le Voir édition Québec. En plus des arts visuels, je signais des textes légers dans la section Style de vie et consommation. Vous noterez qu’il y a dix ans, mon manque de préoccupation pour le gaspillage était dans l’air du temps, même si j’en rougis un peu aujourd’hui… Je m’aspergerai donc d’un peu d’eau thermale d’Avène.

Qu’elle se soit faite rare ou abondante, l’eau a toujours symbolisée une source de vie, un moyen de purification, voire de régénérescence.  Qui aurait pu prévoir qu’elle serait un jour un bien de luxe recherché et une façon de se distinguer de la masse consommatrice.

Alors que nous nous conscientisons chaque jour un peu plus sur le gaspillage et la pollution des eaux, que des études nous confirment la rareté de ce bien inestimable à l’échelle planétaire, il semble encore plus obvie de consommer cet élément vital tel un bien de luxe.  Depuis les dix dernières années, l’industrie des eaux embouteillées a franchi un nouveau pas : de bien superficiel, l’eau embouteillée est devenu un incontournable du mieux-être. Pour les gens préoccupés de leur santé et de leur apparence, les eaux embouteillées, plates, gazéifiées ou aromatisées, sont désormais une alternative aux sodas sucrés et aux boissons alcoolisées. À ces préoccupations d’image et de santé s’ajoutent bien évidement toutes ces histoires d’horreur sur l’eau du robinet que l’on purifie à l’aide chlore, de fluor, qui se révèlent eux-même la source d’autres maux..  Même si l’eau du robinet n’a souvent rien de bien effrayant, peu échappent à la tentation de s’offrir ce qu’il y a de mieux, c’est-à-dire l’eau la plus pure qu’il soit possible de trouver.

Il existe différents types d’eaux embouteillées et pour bien le saisir, rien de sorcier, il faut lire l’étiquette attentivement et connaître la provenance de chaque produit.  Les eaux qui proviennent d’Europe sous l’appellation «eau de source », émane d’une source souterraine, qui filtre cette eau, qui est par la suite recueillie en surface. En Amérique, ce que l’on nomme eau de source, est parfois tout simplement de l’eau ramassée dans une cavité située près d’une source… Lorsqu’on accole le terme «minérale» à une eau, elle devrait normalement venir d’une source et tirer ses minéraux de celle-ci. Une fois de plus, hormis la tradition européenne en la matière, l’Amérique statue constamment sur ce détail, afin de prévenir le premier venu d’embouteiller n’importe quelle eau pour ensuite la minéraliser !

On remarque que le marché se diversifie de plus en plus, nous avons au Québec l’eau de source Naya et les produits canadiens Clearly Canadien – eaux gazéifiées aromatisées- se font aussi remarquer.  Néanmoins, les  produits européens, tels  Perrier et Évian, se classent toujours au haut des chartes de ventes internationales.  Ces produits issus de formations géologiques millénaires sont, dit-on, sous la constante surveillance de vaillantes équipes de géologues et autres scientifiques.  L’eau minérale Perrier est tirée d’une source naturellement gazéifiée, on la prélève avec science, selon un procédé qui sépare eau et gaz pour mieux les mélanger en industrie.

Cette merveille du sous-sol terrestre exerce une telle attraction sur les citadins épris de pureté et de nature, qu’ils ont souhaité s’en asperger.  Évian a exaucé ces voeux dès le début des années soixante, sous la pression de deux pharmaciens qui prescrivaient l’utilisation de l’eau de source à leurs coquettes clientes. C’est ainsi qu’est apparu sur le marché le premier brumisateur d’eau de source.  Petites bombonnes offertes en format sac à main ou encore en grand format pour les étagères de votre salle de bain, ces eaux à vaporiser sur le visage, le cou, et Dieu seul sait où, gagnent un peu plus chaque année en popularité.  La compagnie Vittel, embouteilleur européen et certaines maisons de soins de la peau, s’attaquent à ce marché de l’apparence et du mieux-être.

Le chic du chic ? Boire une eau minérale en pleine canicule, puis, d’un geste désinvolte se vaporiser d’une pluie fine d’eau de source… Une façon de dire, avec un clin d’oeil, je ne mérite rien de moins que le meilleur de ce monde !

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Informations tirées de : « bottled water » « eau embouteillée »

Section Historique du site d’Évian

La symbolique de l’eau, d’Hélène Pedneault, publié en mars 2009 sur Agora.

Santé Canada, foire aux questions sur les eaux embouteillées.

Pour un article critique sur le sujet, Lamest ‘Value-Added’ Products, de Paul Adams sur Wired.com

Et les autres sites des compagnie mis en hyperliens dans le texte…

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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