Un virage Web, ce n’est pas l’affaire d’un seul conseiller…

Partout, on voit encore des entreprises qui n’ont pas un site Web performant et qui cherchent néanmoins à embaucher un gestionnaire de médias sociaux pour être dans le coup. Cela m’a fait réfléchir, car une fois de plus on se laisse éblouir par la nouveauté, mais on construit sur des fondations instables.

Le Web et les communications… 12 ans plus tard…
Au cours de la dernière décennie, mon travail de communicatrice-relationniste à grandement évolué, suivant le développement du Web. En 1999, comme j’avais participé à la réalisation de quelques sites Web, on me confiait la rédaction des textes et la supervision de la publication des documents dans Internet. Le Web était alors une de mes tâches. Par la suite, en relations médias, on m’a demandé de travailler avec les concepteurs Web pour développer des salles de presse qui seraient conviviales et tant qu’à y être, m’assurer que la page d’accueil du site soit efficace… C’était en 2003, aujourd’hui le poste d’éditeur de la page d’accueil d’un site existe dans les grandes entreprises médiatiques. Le Web a continué de gagner du terrain et j’ai compris que pour implanter un une stratégie Web dans une entreprise, je devais diriger une équipe ou être consultante. Bref, il me fallait une certaine latitude.

C’était il y a presque quatre ans, avant WordPress MU, avant l’explosion des médias sociaux. En 2010, le site Web d’une entreprise devrait être la porte d’entrée de tous ses services, sa voie de communication, avec pour soutien les vecteurs de diffusion que sont les réseaux sociaux. Dans ce contexte, tous les outils de communication − communiqués, publicités, messages vidéo et tutti quanti −  devraient être conçus et optimisés pour une utilisation sur le Web (voir le texte Michelle Blanc sur le communiqué optimisé) et une mise en valeur par les réseaux sociaux d’une entreprise.Vous qui surfez jusqu’ici vous dites peut-être : «mais c’est déjà comme ça partout non?» Non, justement.

Le site Web? Oui, là où on dépose des documents à la fin d’une opération…
Dans certaines entreprises où j’ai œuvré le tournant était encore à prendre. Dans certains cas le Web était complètement sous-traité à l’externe ou encore, il était négligé et utilisé comme une archive pour les documents déjà diffusés. Ce qui sous-tend que le Web et les relations publiques traditionnelles se trouvaient encore séparés et que la plupart des outils de communication étaient conçus sans une réflexion pour leur intégration Web ou leur diffusion via les réseaux sociaux. Comment cela est-il possible? Il suffit de voir le Web et les réseaux sociaux comme un «dossier» à mener, au même titre que la production du rapport annuel ou de la pochette de presse qu’on fait réimprimer deux fois par année. Mais voyez-vous, le Web et sa suite d’outils, c’est une façon de faire, pas un dossier. En ce sens, comme pour les omelettes, on ne peut pas être performant côté Web sans casser quelques œufs… ou si vous préférez casser un peu ses outils et ses processus.

Le conseiller communications Web, un hybride alliant la stratégie et le maniement du Photoshop…

Cela n’est sûrement pas encore compris, car je vois çà et là apparaître sur les sites de recrutement des offres d’emploi à titre de conseiller Web pour des entreprises qui souffrent d’un grave retard dans le domaine. Les tâches de ce faiseur de miracles incluent souvent la stratégie Web (puisqu’on n’en a pas encore), le plan d’utilisation des médias sociaux, la mise à jour du site et, pourquoi pas, le montage des vidéos. Bref, un candidat fourre-tout qui pourrait être directeur ou coordonnateur Web, mais qui sera aussi technicien et soutien administratif. Je doute fort que cela soit possible, voire souhaitable.

Quel sera le résultat? Il est fort probable que peu de choses avanceront, car si on considère le conseiller Web comme technicien, on lui confiera des tâches techniques et son expertise ne sera pas utilisée à bon escient.

Quelle est alors la solution? Vous pourriez travailler avec un consultant, le temps de comprendre qu’il vous faut un stratège ou coordonnateur Web et un technicien qui l’appuie, pour vraiment entreprendre votre virage. Parce qu’un simple conseiller ne peut faire virer le paquebot à lui seul. Tout le monde doit être à bord, la direction doit s’intéresser au virage et il faut investir du temps… Allez lire ce texte sur Mashable et dites-vous bien que ce qui s’applique aux médias sociaux, soit l’engagement de toute une équipe, s’applique à vos présences Web dans leur ensemble.

Si vous êtes vraiment perdu allez consulter le Guide des meilleures pratiques du Web, vous constaterez d’abord qu’il existe déjà une façon de procéder et plusieurs profils d’expertise.

Sur le même sujet :

Mon billet : Deux erreurs à éviter pour faire votre entrée sur les médias sociaux.

MAJ – Michelle Blanc nous rappelait aujourd’hui qu’une présence sur Facebook ou sur un média social ne pouvait pas se substituer à une présence Web solide incluant un site et des blogues. Avez-vous hâte que notre livre sorte en septembre? Moi oui!

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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9 réflexions sur « Un virage Web, ce n’est pas l’affaire d’un seul conseiller… »

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  3. Ping : HPJ Solutions
  4. Excellent article. Il est regrettable de constater que les entreprises « mélangent«  les rôles et tâches et ce…à petit salaire.
    On ne prend pas la directrice des ressources humaines pour faire les états financiers au même titre qu’on ne prend pas un webmaster pour gérer les communications et relations publiques. J’ai remarqué aux USA que de plus en plus d’entreprises créent un département sociaux et engagent une équipe (versus une personne). Ces « nouveaux«  départements ne relèvent pas du marketing, ni des communication ni des TI mais travaillent en collaboration. Il est fort probable que la PME en essayant d’embarquer dans les médias sociaux « à la va vite«  et de façon improvisée vont nous sortir la phrase suivante d’ici une ou deux années : Moi je crois pas à ca les médias sociaux, Ca marche pas !
    Espérons qu’elles comprennent rapidement que toute chose qui mérite d’être faite mérite d’être bien faite !

  5. Ping : Nadia Seraiocco
  6. Merci Fred! Je pense justement que le fait de donner un rôle fourre-tout et un salaire d’entrée montre le peu d’intérêt qu’on porte parfois au dossier. En faisant gérer le Web et les médias sociaux par un service déjà existant et où les gens en place sont parfois peu sensibilisés c’est le genre de solution qu’on obtient. Comme vous le dites si bien, après quelques mois on se dira qu’on ne voit pas l’avantage…

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