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Journaliste de TQS agressé : nuancer les faits

Loin de moi l’idée de justifier l’usage des poings ou de la force contre les journalistes, mais dans ce cas-ci, rien n’est noir ou blanc. Tout d’abord, dans la lettre de veille envoyée par la FPJQ, voici la version que l’on trouve des faits entourant cette agression sur le journaliste de TQS et son caméraman :

Le journaliste Étienne Phénix et le caméraman Sylvain Gauthier ont été dépêchés à St-Jean-de-Matha pour couvrir la disparition de deux hommes, qui se sont vraisemblablement noyés en fin de semaine dernière. Le but de leur reportage était de faire état du danger que représente la Cuve de la mort, le plan d’eau où sont disparus les deux hommes.

Sur place, ils ont croisé par hasard la famille d’’une des deux victimes. Furieux d’’être filmé, le père s’’est rué sur le caméraman et le journaliste, leur assénant de nombreux coups de poing. Jamais l’’homme n’’a demandé à ne pas être filmé. Il n’a même pas adressé la parole à ses deux victimes avant l’’agression.

Selon cette version, le père de la victime n’a ni parlé, ni donné signe de désapprobation avant de frapper. Pourtant, la version de Phénix, telle que rapportée hier par Hugo de Grandpré de La Presse, laisse entendre une conversation entre le père et le journaliste :


« Nous avions pourtant respecté son intention de se recueillir seul devant l’eau et ne l’avons filmé que lorsqu’il est retourné vers le stationnement », a précisé M. Phénix.

À moins que le monsieur ne leur ait communiqué par écrit son intention, ces mots de la part du journaliste supposent une conversation avec l’agresseur au cours de laquelle il demande à être laissé seul. On peut présumer que le journaliste lui a laissé quelques minutes, puis est revenu à la charge.

Aujourd’hui on pouvait lire, sous la plume neutre de la Presse Canadienne un texte qui reprenait les arguments de la FPJQ et laissait donc de côté la citation précédente de la Presse :


Tout en disant comprendre la souffrance des proches du disparu, la FPJQ estime que celle-ci ne saurait justifier l’agression dont ont été victimes les deux journalistes qui ne faisaient que leur travail. L’organisme explique qu’il aurait suffi à l’homme de demander aux journalistes de ne pas être filmé ou que les images prises ne soient pas diffusées pour éviter cet incident regrettable.

Or, les quelques éléments que j’ai mis ici en relation montrent que l’on parle de ce que le père aurait pu faire, sans noter qu’il a manifesté son désir de se recueillir seul, mais que cette demande a été interprétée autrement. Or, trop souvent, devant les membres de la presse, les citoyens ordinaires ne connaissent pas leurs droits et se sentent agressés.

Cela dit, nous devrions nous demander, si le mandat d’informer la population exigeait vraiment que le père d’un garçon décédé le week-end dernier parle des dangers aquatiques de la Cuve de la mort ou si c’est le sensationnalisme qui justifiait ce choix. Poser une question, c’est y répondre un peu…

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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