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Rhume, palpitations et 11 septembre…

Chaque année, je me dis que je vais faire un commentaire exceptionnel, quelque chose de profond, à la hauteur d’’une participante de ce spectacle à grand déploiement que vous écoutiez à la télé. Hé! J’y étais, tout proche, en face des tours mêmes. De mon appartement, au 32e étage sur Rector Street, on voyait la Tour Sud et l’’immeuble où se situait mon bureau faisait face au WTC. J’’ai eu les deux pieds dans le 9-11, puis la tête dedans pendant un bon moment. Pour être vraiment honnête, cette semaine, j’’y ai rêvé encore. De plus, chaque année à pareille date, je suis très émotive. C’’est comme ça, après six ans, on s’’habitue. On a la tête ailleurs quelques jours chaque année et c’’est ainsi.

En 2001, plusieurs de mes amis n’’ont rien dit sur le coup, mais quelques mois, voire quelques années plus tard, ont admis que pendant un moment ils avaient cru ne jamais me revoir. Moi aussi j’’y ai pensé. Tandis que je marchais avec R. vers le Nord, une pensée traversa quelques secondes mon esprit : et si c’était la fin, et si c’’était ainsi que le destin en avait décidé. Au retour, longtemps j’’ai gardé cette réflexion pour moi. Je l’ai finalement admis après qu’’un professeur, avec qui je travaillais à HEC, m’’eut dit qu’’on mettait généralement beaucoup de temps à admettre ’avoir fait face à sa propre mort. Mort. Comme plus rien. FIN en grosses lettres. Le mot fait peur.

Puis ensuite on continue. En fait, au-delà du traumatisme, des maux physiques, du cerveau qui fait des siennes même quand on voudrait tout oublier, j’’avais surtout peur d’’être changée, de ne plus me reconnaître. Je guettais les symptômes, je m’’imaginais les séquelles.

À cause du 11 septembre, j’ai recommencé à peindre et à écrire. J’ai décidé de me prendre un peu au sérieux, de me donner une chance. Depuis quelque temps, je dis ouvertement que j’’ai changé. Et, j’’ai changé pour le mieux, comme si ma presque disparition m’’avait permis de voir la vie différemment.

Trouvez-moi quétaine si ça vous chante, mais je sens les choses plus intensément. Okay, j’’entends déjà certains de mes amis dire, « comme si tu n’’étais pas déjà assez intense avant ». De plus, au grand dam des plus pudiques, je déclame aux gens leurs qualités. Je leur dis qu’’ils comptent, que je pense à eux, souvent comme ça, là maintenant.

Parce que demain, tout pourrait être différent.

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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2 réflexions sur « Rhume, palpitations et 11 septembre… »

  1. Tu me fais frissonner…Mais parfois les expériences les plus traumatisantes nous amènent vers le plus beau. Faut pas chercher à comprendre mais vivre, en profiter. On apprend au moins ça…

  2. Je sais qu’à une échelle plus personnelle, tu as vécu un deuil qui a remis beaucoup de choses en question. Je pense tandis qu’on cherche autour de soi les signes du changement qui doit nécessairement suivre tout bouleversement de l’ordre des choses, c’est à l’intérieur de nous qu’il faut regarder. Oui, je suis très sensitive dans ce domaine.

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