Wikileaks et la mise en valeur des contenus

La matière dont est faite l’actualité, soit les faits bruts, sous forme de vidéos, documents officiels, témoignages ou photos est maintenant à la portée de tous. Ce qui lui donne de la valeur ou de la crédibilité c’est sa mise en contexte. Nous avons peut-être tous une opinion sur les faits, mais ne nous leurrons point, à moins de suivre et d’analyser une question depuis des années (ce que certains journalistes dits traditionnels ou citoyens font encore), notre présentation restera somme toute superficielle.

Juste avant mes vacances sur Rue89, dans un article intitulé Comment Wikileaks embringue la presse traditionnelle, Julian Assange, le  fondateur de Wikileaks, expliquait sa stratégie de s’allier à des médias traditionnels (dans le cas présenté, le New York Times, le britannique The Guardian et l’hebdomadaire allemand Der Spiegel) pour valider et mettre en contexte les documents qui lui sont envoyés.Voilà qui redore le blason du journalisme d’investigation.

Mais pourquoi direz-vous ne pas tout diffuser dans un grand élan sans se poser plus de questions et en se disant tant pis si les médias sociaux battent en vitesse les traditionnels? Sa réponse va dans le sens de toute opération de diffusion ou relations publiques sensée qui connaît un peu le travail des journalistes :

« C’est contre-intuitif. On croit que plus le document est important, plus il sera rapporté mais c’est absolument faux. Ça a à voir avec l’offre et la demande. Une offre faible entraîne une demande forte, cela a de la valeur. Dès que nous diffusons la matière, l’offre est infinie donc la valeur perçue approche le zéro. »

Le résultat? Les trois journaux se sont concertés et ont publié simultanément des articles différents. Magie? Coup de flair incroyable? Non. C’est la bonne méthode du scoop partagé qu’une organisation peut orchestrer pour une annonce d’importance en mettant quelques médias choisis sur le coup et en leur offrant chacun un angle privilégié à présenter.

Quand cela est bien fait, que les médias influents ont diffusé, la nouvelle fera le tour de tous les médias de moindre taille, comme des médias sociaux…

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À lire aussi sur la pertinence et la validation des documents : Quand les citoyens captent la nouvelle, de Marie-Claude Malboeuf.

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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