15 ans : 6 décembre 1989

Quinze années depuis la tuerie de Polytechnique…. Tout juste le temps de commencer à saisir la portée historique de cet événement. Marc Lépine en avait assez des féministes qu’il accusait de lui avoir volé ses rêves de carrière. Une assertion choquante, de la part d’’un décrocheur qui avait connu une enfance difficile et qui, cherchant un exutoire à sa douleur, aurait souhaité que les femmes s’’éclipsent pour lui faire place. Néanmoins, dans les jours qui ont suivi la tragédie, certains médias ont demandé si le féminisme n’’était pas allé trop loin.

Ce matin, en écoutant à la radio ce que les femmes et les hommes essayaient de dégager de cet événement, j’’ai soudain compris qu’’en 1989, le féminisme québécois en était tout juste à ses débuts. Il faut dire que j’’étais alors une jeune étudiante pour qui plus d’une décennie semblait une éternité. Au Québec, le Conseil du statut de la femme existait depuis 1973 et les premières maisons d’’édition ou centres de production cinématographique destinées à l’’expression féminine avaient été fondés dans les années suivantes. Quelques jalons de l’’émancipation des femmes avaient été posés un peu plus tôt dans les années soixante avec, entre autres, la fondation de la Fédération des femmes du Québec, créée pour souligner le 25e anniversaire du droit de vote des femmes.

En 1989, le mouvement des femmes au Québec avait quelque 20 ans de légitimité (suivant des décennies de combat). Quelques petites années, insérées au travers de 400 ans d’’histoire du Québec et de deux millénaires d’’histoire occidentale marqués par le christianisme. Déjà pourtant, les pionnières qui avaient ouvert aux femmes le chemin des universités et des professions « non traditionnelles » à grand renfort de batailles juridiques étaient oubliées par les étudiantes mêmes qui bénéficiaient de ces efforts…

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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