Au début de la semaine, devant le congédiement de Michel Martin, un attaché de presse Libéral du comté de Vanier à Québec, j’ai pensé que parler de réputation en ligne à l’émission Dumont serait une bonne idée. L’exemple était éloquent : Michel Martin est un communicateur expérimenté et pourtant le temps d’une montée de lait, il a oublié les règles de son métier et écrit sur Facebook que le maire Labeaume était un «petit perroquet péquiste/bloquiste vaniteux et morveux». Ne riez pas (ok, riez un petit peu), ce genre de propos peut amuser la galerie dans un bar, mais quand vous le faites haut et fort devant une centaine, voire plus de contacts, ça peut être catastrophique. Mais, j’étais loin de croire que d’autres cas seraient connus pendant la semaine…
J’ai envie de le crier sur les toits…
Dans les cas que nous citions à l’émission et que vous retrouvez en fin de billet, sortir sur le balcon et crier ce que Michel Martin, Nir Rosen ou Maxime Roberge, des communicateurs professionnels, ont écrit aurait eu moins de conséquences négatives pour leur carrière que de le publier sur les réseaux sociaux. Nir Rosen, fellow de l’université de NY (NYU), journaliste crédible qui a couvert la guerre en Irak, a commenté la nouvelle de l’agression sexuelle de la journaliste de CBS, Lora Logan, ainsi : «Jesus christ, at a moment when she is going to become a martyr and glorified we should at least remember her role as a major war monger». Il en a rajouté se demandant si la chose aurait été plus drôle si elle était arrivée à Anderson Cooper. Quelle idée lui est passée par la tête? Devant le tollé que ses propos ont soulevé, il a démissionné de son poste prestigieux à NYU.
Hier, on rapportait le cas de cet automobiliste de la Rive-Sud de Québec, frustré d’avoir eu une contravention, qui a trouvé la page Facebook du policier qui l’avait intercepté. Il lui a mis en plein mur sa colère : «J’voulait juste te remercier pour les ticket de l’autre fois !! criss de trou de q !!!!!! ». Antoine Cloutier-Lachance a appris qu’il était aussi illégal d’insulter un policier dans la rue, que sur Facebook.
Avez-vous une politique d’utilisation de Facebook et Twitter ?
Si vous n’en avez pas, pensez-y. Difficile sur Facebook, par exemple, de prétendre être dans un club privé quand quelques centaines de personnes voient vos statuts. Ce sont vos «amis», mais les connaissez-vous si bien que ça? Il ne faut pas négliger qu’au fil des contacts accumulés, il est possible que les opinions que vous exprimez choquent certains de vos contacts. Qu’est-ce qui les empêchent alors de répéter ces propos, voire de faire une capture d’écran et de l’envoyer aux médias? Si vous êtes moins connus, pensez à votre carrière, si votre boss, votre ou votre mère voyait ce que vous mettez sur les réseaux sociaux, les photos, les vidéos, les mises à jour, seriez-vous dans l’embarras? Quant à Twitter, ce bolide de l’information, il est facile d’y faire des commentaires incorrects sous le coup de l’émotion ou pour avoir l’air futé, sans penser aux conséquences.
Tandis que je me préparais pour l’émission, mon collègue Pat Lagacé est venu me raconter que lorsqu’il twitte, il s’imagine de quoi il aurait l’air si son tweet était cité dans l’émission de Paul Arcand… Pour un journaliste, c’est une bonne unité de mesure. Si vous vous dites, au pire j’effacerai, sachez que les internautes sont parfois rapides à faire des captures d’écran des propos choquants.
La réputation en ligne : au commencement était l’egosurf…
Pour les internautes de la première heure, ces questions ont bien évoluées, surtout avec la puissance d’un moteur de recherche comme Google. Au tournant de l’an 2000, surveiller sa réputation en ligne voulait dire pratiquer un peu l’egosurf, un terme créé en 1995. Pour ma part, en 2002, sur le Web on trouvait mon blogue, des articles publiés chez Voir ou dans des magazines et quelques mentions liées à mon travail de relationniste. Les choses ont bien changé, il y a encore plus de sources en ligne, le phénomène des blogues a explosé et avec Google qui intégrera encore plus les médias sociaux (si vous avez un compte Facebook vous pouvez apparaître dans les résultats de recherche et les tweets non sécurisés sont répertoriés), les possibilités d’apparaître dans les résultats de recherche augmentent.
Quelques trucs pour ne pas se nuire…
- Quelle est mon image? D’abord sachez ce qu’on dit de vous et ce qu’un potentiel employeur ou client trouverait en faisant une recherche sur Google. Vous pourriez être surpris. Puis, demandez-vous quelle image vous souhaitez qu’on ait de vous.
- La contre-attaque: on y pense deux fois. Vous voyez un commentaire blessant ou choquant à votre égard, avant de répondre, respirez à fond, levez-vous, buvez un grand verre d’eau et ensuite décidez si cela vaut la peine d’engager une joute qui finira peut-être dans les sacres et les insultes.
- La politesse permet de contrôler un peu le jeu. Vous aimez votre style polémiste, vous vous réjouissez à l’idée de twitter ou de facebooker des grossièretés, qui sont ô combien vraies à votre avis. Quand on vous interpelle, vous répondez à tu pis à toé, vous avez le vocabulaire scato facile et le sacre toujours prêt. Ne vous étonnez pas alors qu’on vous parle sur le même ton. Pour certains, c’est un plaisir de faire sortir de leurs gonds les grandes-gueules qui aiment se chicaner. Essayez un ton un peu plus courtois et vous verrez le ton changer et votre image aussi.
- Si on citait vos actions sur les médias sociaux, ça serait bon pour vous ou mauvais? Quand je travaillais en relations médias, je disais à mes patrons (un peu comme le fait Pat) devant leur prise de position, «si notre message était à la une demain, quelle serait le titre?» Quand le titre a une chance d’être à notre désavantage ou de nuire à notre image, on se ravise.
Si vous choisissez d’être tout feu tout flamme et de distribuer les déclarations choquantes partout pour attirer l’attention sur vous, c’est votre choix, mais ne venez pas dire ensuite que les gens vous jugent mal, car il n’en tient qu’à vous de surveiller votre image…
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Quelques articles et ressources…
Atteinte à la réputation sur Facebook et Twitter, vidéo
L’histoire et la démission de Nir Rosen.
Maxime Roberge, l’ADISQ et les mots-clics sur Twitter, par Simon Jodoin de Voir et mon billet Quelle leçon tirer de l’histoire de Maxime Roberge.
Coupable d’avoir injurié un policier sur Facebook
Pour une réputation propre, propre : A clean online reputation. A status we can all « like ».
Réputation en ligne et recherche d’emploi, sur Sympatico
L’identité numérique et l’enfant, un dossier de PédagoTIC
Faire un diagnostique de sa présence numérique et de sa réputation en ligne, sur le Blog du Personnal Branding.
Je trouve ça bien intéressant comme article. Il faut toujours faire attention à ce que l’on publie via notre facebook, ou twitter. C’est souvent ce qui fait notre image que les autres ont de nous. Lorsque j,arrive sur ma page d’accueil,et qu’il y’a des personnes qui se »chicane grossièrement » si on veut. Qui se plaignent de leur ex, de leur patron, ou de leur vie en général. Je trouve ça pathétique qu’ils ressentent le besoin de partager leur vie privé sur facebook, si je peut me le permettre.
Tout à fait et il faut connaître les limites liées à notre fonction. Selon le poste que nous occupons ou que nous souhaitons occuper, il faut penser aux conséquences de que nous publions. Entre passer un message et nuire à la répuation d’autrui et à la sienne, il y a des nuances à considérer 😉