La semaine dernière à 42, Laurent Maisonnave, Patrick Dion et moi avons abordé le facteur d’influence sur les médias sociaux, incluant dans notre discussion la question des relations entre agences de RP et blogueurs. Le sujet est loin d’être neuf, puisque plusieurs des experts en relations publiques et médias sociaux bloguent eux-mêmes depuis le début du millénaire. Avec l’arrivée des blogueurs affaires aux alentours de 2004-2005, les tentatives se sont intensifées. Cela dit, même si on trouve sur le Web des articles comme Blogger Relations : Two Approches for PR, qui expose quelques tactiques d’approche et que certaines agences ont développé leur expertise, on jurerait parfois que tout est encore à inventer… Pourtant ce qui marche en relations de presse, marche souvent avec les blogueurs, une fois qu’on tient compte de leurs spécificités.
L’approche courriel : le message à «la liste» de blogueurs
Si cette approche est encore privilégiée, je ne peux voir qu’une seule raison : c’est parce qu’elle reproduit les rapports traditionnels entre les relationnistes et les journalistes. Le moins qu’on puisse dire c’est que ces rapports sont tortueux depuis quelques années déjà. Qu’à cela ne tienne! On écrit un message, on l’envoie à une liste de gens pressentis (sur quels critères?) et on espère qu’ils répondront favorablement à notre demande. La demande étant de publier un texte ou de produire un reportage sur un sujet. Après tant d’années, on sait que ça ne marche pas très bien avec blogueurs et que même avec les journalistes, on obtient souvent de meilleurs résultats en ciblant de façon plus serrée. Pourquoi? Les journalistes n’ont pas envie d’être sollicités pour tout et n’importe quoi, sans égard à leur spécialité et les blogueurs de même. En plus, si le journaliste à temps plein (une espèce en voie de disparition) a le devoir de couvrir certains événements, le blogueur est libre de couvrir ce qui lui chante et, fait important, il n’est pas payer pour assister à des événements de presse.
Une lettre générique envoyée à tous, même si vous ajoutez mon nom, n’est pas un message personnalisé…
Quand vous écrivez un courriel à un ami, vous lui parlez à lui et vous espérez une réponse, donc une discussion. Dans cet optique, si je veux porter un événement à l’attention d’un journaliste, c’est parce que je sais que le sujet est dans ses cordes. En deux lignes, je saurai donc lui dire pourquoi, à mon humble avis et connaissant ses intérêts (car j’ai lui son travail), mon sujet pourrait l’intéresser. De la même manière, un message à un blogueur devrait spécifier pourquoi le relationniste pense que son événement ou sa nouvelle a sa place dans le blogue visé. Si la seule raison valable est qu’un directeur aime le travail de ce blogueur, bien dites-le! Au moins, il vous répondra pour vous remercier du compliment et la relation sera amorcée. Pour ce qui est du contenu de votre message, ne vous étendez pas sur quatre ou cinq paragraphes. Il sera temps de tout expliquer au blogueur, si le sujet et les quelques liens que vous avez joints à votre courriel retiennent son attention.
Pourquoi je ferais la promo de vos clients?
C’est souvent ce que je me demande. J’ai reçu en février des courriels polis, mais insistants, de la relationniste d’une grande agence qui espérait que je publie son information sur mon blogue. Quand je lui ai demandé pourquoi elle me contactait, elle m’a répondu par des lignes de presse du genre «nous avons sélectionnés votre blogue parmi les blogues francophones de votre région susceptibles de rejoindre notre public»… Ah, bon, et moi est-ce que j’ai envie de vous aider à rejoindre le public de votre client ? Car c’est bien de ça qu’il s’agit. La réponse est non, surtout si votre client vend des produits de santé, un sujet que je n’aborde pas. En sélectionnant mon blogue, vous auriez pu vous donner la peine de le lire ou au moins de consulter les catégories et les mots-clés. J’ai répondu poliment que je ne parlais pas de ce type de sujet… On m’a probablement retirée de la liste et j’en suis fort aise.
Vous me direz que ces quelques paragraphes ne racontent pas tout… Vous avez bien raison, car le reste il faut l’apprendre sur le terrain et pour le transmettre, en ce moment, la meilleure option est encore dans l’action.
D’autres billets sur ce sujet :
Promo et médias sociaux : la mécanique a-t-elle changée tant que cela?
Que deviendront les relationnistes traditionnels?
Où s’en vont les relationnistes?
Verra-t-on un jour le regroupement de blogues professionnels ou spécialisés comme il y a des chaines de télévision spécialisées? Il y a un tel monde entre l’amateur (dont je suis) qui écrit un blogue pour le plaisir et les blogueurs (payés ou non)qui pourraient porter le titre de journalistes. De même, verrai-je le jour entre les personnes qui jasent sur Facebook et les groupes-entreprises-organismes qui se sentent obligés d’avoir une page Facebook et une adresse twitter en plus de leur site et qui, selon moi, font de Facebook (et probablement de Twitter, je ne sais pas je n’y suis pas) une immense foire-mer où l’information passe inaperçue parce que trop abondante. Ça en devient aussi farfelu que redondant et à la limite complètement inutile pour qui n’est pas spécialiste des médias sociaux.
Claude : Je comprends et partage en grande partie votre point de vue. Mon blogue, même s’il est plutôt spécialisé demeure mon lieu de réflexion et je n’y parle que de sujets qui m’intéressent… Tout ce que vous décrivez devient parfois aussi redondant pour les spécialistes des médias sociaux 😉