La Fédération des femmes du Québec a lancé une campagne 2.0, vidéo sur Youtube, page Facebook pour la Marche mondiale des femmes 2010. Titrée On a assez étiré l’élastique! et représentée par un soutien-gorge rose sur un lance-pierre en forme de Y (ouf!), on a retenu de cette campagne jusqu’à maintenant que le faux-pas de la fameuse vidéo sur le recrutement militaire en milieu scolaire. Deux points m’indisposent dans cette campagne. D’abord la forme, utiliser la vidéo c’est bien, mais il ne faut pas confondre relations publiques et fiction, car le message risque fort de ne pas passer. Ensuite le contenu, même diffusés sur les médias sociaux, les vieux clichés sont loin d’actualiser le message!
La base en communication: des faits crédibles. Dans une de ces vidéos surthéâtralisées, une mère − en fait, une actrice jouant ce rôle − qui a perdu deux enfants prépare les bagages de sa dernière pour une mission militaire en récitant des clichés comme Faites l’amour pas la guerre et conclut qu’elle n’aurait pas fait d’enfants si on lui avait dit que ce n’était que de la chair à canons. Le tout dans un misérabilisme digne d’une pièce de théâtre engagée des années 80. Si on avait affaire à une œuvre de fiction, la licence poétique ou artistique s’appliquerait, mais ce n’est pas le cas, le but semble de véhiculer un message. Mais ce qui est présenté est une fiction, avec des faits sur le recrutement scolaire imprécis, voire faux et dans ce contexte le message s’embrouille et le tout perd gravement sa crédibilité. Le public s’est senti dupé et a contesté à juste titre.
Pour communiquer clairement, il faut distinguer la fiction des faits. D’autre part, la vidéo de l’adolescente qui prie une sainte Vierge de l’aider à correspondre aux stéréotypes de beauté, dans un monde où le droit à l’avortement est chancelant et l’éducation sexuelle une affaire de sites porno plutôt que d’éducation est trop théâtrale, mais les questions abordées correspondent à des dossiers où il y a des reculs pressentis ou sentis. Et, si la vidéo fait sourire, on en vient à croire que tout est tiré par les cheveux et la mission de sensibilisation est ratée. Après le visionnement on se dit, «est-ce bien vrai, m’a-t-on présenté des faits ou une courte fiction?»
Utiliser les vieux clichés, une bonne façon pour se tirer dans le pied. Je me dis féministe et j’ai travaillé dans des organismes de femmes, écrit pour des publications et animé une émission d’information féministe. Je crois à un féminisme inclusif, surtout quand il est question de maternité et de questions sociales. J’en rage quand on nous ramène le soutien-gorge comme symbole, celui-là même que les filles auraient brûlé dans les années 70 et qui aurait maintenant un élastique trop étiré. Quoi? Même s’il s’agissait d’un clin d’œil ironique qui le saisit sauf les principales intéressées? S’il y a bien un cliché dont le féminisme doit se défaire c’est la maudite brassière, laissons ça aux cours d’histoire féministe et au folklore du militantisme. En utilisant ce genre de cliché, on ne crée pas un nouveau féminisme, on ramène sur la table toutes les perceptions erronées et les préjugés.
Les féministes et les autres? Ou toutes les femmes? L’histoire de la chair à canons, outre le fait que ce type de discours est dépassé, m’a choqué car il ne prenait pas en compte la vie des femmes qui ont perdu des enfants dans ce conflit et qui n’ont plus que leurs souvenirs pour témoigner de la chair de leur chair, pour poursuivre dans la métaphore éculée. Je n’ai pas d’enfant, mais j’ai l’intime conviction qu’aucune mère qui a perdu un enfant n’oserait dire, même pour la cause, si j’avais su je n’en aurais jamais fait. Nous sommes en 2010, les femmes et les hommes veulent un monde meilleur! Et oui, les femmes veulent se prononcer sur les questions de l’heure, prendre part à la discussion, mais nous devons le faire ensemble, pas les unes sans les autres…
Bonjour,
Je trouve vraiment dommage que l’on attende que le mal soit fait pour se réveiller. Je ne peux pas croire que les producteurs ne pouvaient pas prévoir les réactions. C’est quasi unanime!! Les propos tenu sont très graves.
On ne parle pas de dentifrice mais de drame humain!
En fait Sylvain, je me suis demandée la même chose que vous: qui a approuvé les messages de ces publicités? Quand un communicateur fait produire des vidéos dans un but de sensibilisation ou de promotion, il a normalement ses « messages ». Comme je le dis plus haut, il faut distinguer clairement la fiction inspirée des faits et les « messages » que l’on veut pousser. Car dans la capsule que j’ai baptisée « chair à canons » le message de la FFQ est « tant que vous recruterez en milieu scolaire, nous ne ferons plus d’enfants et votre gouvernement nous fait regretter d’en avoir eu! ». Pis, ça bien, on appelle ça du chantage émotif, de la manipulation et de l’insensibilité à autrui.
Je n’ai pas écouté toutes les pubs mais la description que tu en as fait, ma fait pensé au infopub qu’ont as le soir.
Ceux qui essaient de nous montrer que leur produit est meilleur que celui qu’on a en l’utilisant tout croche!
http://www.youtube.com/watch?v=E9_amg-Aos4
http://www.youtube.com/watch?v=08xQLGWTSag