En 2010, les cas de suicides associés à de l’intimidation ou de la cyberintimidation en milieu scolaire ont tristement fait les manchettes des quotidiens américains à de nombreuses reprises.
En janvier, le cas de Phoebe Prince, une jeune fille arrivée d’Irlande dans un high school du Massachussets a soulevé l’indignation. Phoebe s’est pendu après avoir été victime d’intimidation à l’école et en ligne. Non seulement, avait-on cyberintimidé Phoebe, mais même la page Facebook créée à sa mémoire a été le lieu de remarques désobligeantes… Tyler Clementi, s’est enlevé la vie en septembre 2010, après que son coloc universitaire ait publié des vidéos de Tyler et un petit copain, dévoilant, contre son gré, son homosexualité. Le Massachussets révise en ce moment sa loi sur l’intimidation, mais des accusations ont été portées dans plusieurs cas où des jeunes ont été poussés au suicide.
Le respect de la vie privée, une notion qui se perd avec les réseaux sociaux. Le goût d’être populaire sur des réseaux comme Facebook et Twitter poussent souvent les jeunes à se mettre en scène et à révéler beaucoup de choses sur eux. Dans un article du New York Times du 2 octobre 2010, l’avocate Nancy E. Williard, fondatrice du Center for Safe and Responsible Internet Use avançait que le fait que ce soit facile et légale de mettre autant portions de notre vie privée en ligne donnait l’impression aux jeunes qu’il n’y avait aucun problème légal à en faire autant à-propos de la vie de leurs amis. Pourtant, la loi se raffermit sur la question et beaucoup de jeunes cyberintimidateurs ont été poursuivis en justice pour leurs gestes.
Les gestes qui constituent de la cyberintimidation
- Insultes : Publier ou propager, à propos d’une personne, de fausses informations qui lui porteront préjudice.
- Ciblage : Prendre une personne à partie en invitant les autres à des attaques ou à se moquer d’elle.
- Usurpation d’identité : Prétendre être quelqu’un d’autre et dire des choses auxquelles la personne, dont l’identité a été usurpée, ne croit pas ou qui sont fausses.
- Téléchargement : Partager des images d’une personne, particulièrement dans une situation gênante, ou partager des courriels écrits par cette personne sans son consentement.
- Exclusion : Exercer une pression sur les autres afin d’exclure une personne d’une communauté (en ligne ou hors ligne).
- Harcèlement : Envoyer de façon répétée des messages indésirables, méchants et insultants à une personne.
Source : Réseau-Éducation Médias
Le profil du cyberbully, pas toujours celui qu’on croit… Sur le Web à visage souvent caché, on s’en permet plus que dans la vraie vie. Ainsi, on dit que seulement le quart des cyberintimidateurs oseraient intimider aussi leur victime en personne. Dans une étude sur les agressions entres adolescents, parue dans le American Sociology Review, les sociologues Robert Farris et Diane Felmie de l’université de Californie ont étudié le profil de l’agresseur selon la victime et le contexte. Au contraire de ce que les séries télévisées et les films nous présentent souvent, l’intimidateur ne serait pas ou bien un adolescent pauvre qui veut monter ou la jeune fille (comme dans le film Mean Girls) à qui tout réussit. Le cyberintimidateur serait très souvent quelqu’un qui cherche la reconnaissance des gens au sommet et qui bénéficie de suffisamment de ressources pour commettre ses délits. On parle donc de quelqu’un dans la moyenne qui cherchera noise à ceux qui sont différents.
Portrait de l’intimidateur (traduction de la fiche du Pacer Action Center) :
- Jette vite le blâme sur autrui et n’accepte pas la responsabilité de ses actions
- A peu d’empathie, de compassion et de compréhension des émotions des autres
- A été intimidé
- Montre peu de maturité dans ses compétences sociales et interpersonnelles
- Désire être en contrôle
- Frustré et anxieux
- Vient d’une famille où les parents ou les frères et sœurs ont des comportements d’intimidation
- Évolue au sein d’un groupe qui encourage l’intimidation
- A des parents qui éprouvent de la difficulté à poser des limites, qui usent de discipline de façon aléatoire ou qui ne s’intéressent pas à la vie de leurs enfants.
Les lois et les ressources… À la suite du décès de Phoebe Prince, le Massachussets a cru bon revoir ses lois encadrant l’intimidation. Ainsi, la Commission de révision (The Commission to Review Statutes Relative to Implementation of the School Bullying Law) a la mission de revoir les lois du Massachussets pour déterminer si des articles doivent être ajoutés ou modifiés pour encadrer de façon plus efficace les problèmes relies à l’intimidation et à la cyberintimidation. Aux États-Unis, 41 états et le District de Colombia, ont des mesures légales contre l’intimidation et 23 états ont des déclarations à cet effet.
En mars 2010, six adolescents de l’école que fréquentaient Phoebe Prince ont été formellement accusé de crime allant de violation des droits civils, au viol par absence de consentement. Des accusations d’atteinte à la vie privée ont par ailleurs été portées contre les étudiants qui avaient mis en ligne les vidéos de Tyler Clementi… Que cherchaient les adolescents de l’école de Phoebe en la torturant ainsi? Et que comptaient accomplir les collègues d’université de Tyler en portant atteinte à sa vie privée? Probablement pas le suicide de leur collègue… Mais c’est ce qui est arrivé et ils vivront avec les conséquences et les accusations relatives à leurs gestes.
Au Québec… Sur le site de la Sécurité publique du Québec on trouve des renseignements sur les lois en vigueur ici.
Harcèlement criminel (art. 264(1)) :
Exemple : Utiliser les technologies d’Internet pour communiquer de façon répétée avec une personne afin qu’elle se sente harcelée.
Diffamation (art. 301) :
Exemple : Porter atteinte à la réputation d’une personne en utilisant des technologies d’Internet telles que des sites Web en colportant des rumeurs sur celle-ci.
Faux messages (art. 372(1))
Exemple : Transmettre de faux renseignements dans l’intention de nuire à quelqu’un à l’aide d’un système de messageries électroniques tel que le courriel.
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Ressources :
27 réflexions sur « Le bullying social ou cyberbullying sur les réseaux sociaux… »
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