Mercredi soir, c’était le Yulblog. Retour à la normale saisonnière, André nous attendait carnet en main avec la question du mois et Laurent avec son instrument de torture, une caméra dont la puissance de la lampe vous ferait avouer n’importe quoi. Jouxté à toute cette action, se tenait un pré-événement de lancement pour les blogueurs d’Entendu à Montréal, le livre, en présence de l’auteur Frederic Rappaz. Puisque ce jeune homme aime beaucoup les parenthèses, je m’en permettrai une afin de brosser un portrait tout en nuances de ce blogueur-auteur.
Voilà donc. Tandis que je lui fais la bise et le félicite, Rappaz plutôt que de répondre, «merci, c’est bien fin», me glisse à l’oreille (vous trouvez cela encore cute, mais attendez la suite) cette formule de politesse éprouvée, «t’as mangé quoi? tu sens rien que la frite ». Sof (qui avait subit le même traitement de faveur) et moi en avons été quitte pour nous renifler mutuellement les cheveux tandis que nos chums essayaient de nous convaincre que nous étions deux fleurs délicates que même l’odeur de la poutine ne pouvait atteindre. Mais, mais, mais, le mal était fait.
J’étais contrariée, mais bon, c’est ce qu’on gagne à fréquenter des gens contrariants (je plaisante Le Fred L. ne monte pas sur tes grands chevaux). Or donc, je n’en étais pas à mon dernier agacement : André Nantel, dans un effort à la hauteur de son statut de chercheur, toujours prêt à expérimenter au nom de la science, nous demande d’inscrire dans un cahier notre plus grosse gaffe à vie. J’avais bien quelques idées, voire une liste searchable par sujet, date et thématique, mais de là à me commettre… J’écorniflai donc tout ce que les autres avaient avoué et je passai mon tour. Je suis en relations publiques, j’essaye de m’en tenir aux faux aveux.
Je me plais à dire que les mots sont un filtre pour dissimuler ou civiliser nos émotions et ajouterai-je, c’est pour cela que l’alcool a été inventé. Faque au retour, dans la voiture, en manque d’échanges vrais, je commence une phrase ainsi, «or donc, mais encore, car…»… Sof répond, «ah, ben vraiment? Or-donc-mais-car?» S’en suivit cette brillante conversation, que dis-je, un morceau d’anthologie :
— Mais où est donc Carnior?
— Ornicar, tu veux dire?
— On disait mais-ou-et-donc-car-ni-or par chez nous…
— Et bien, mais il était où en fait?
— Tu veux vraiment savoir? La rumeur dit qu’il avait foutu le camp avec En-de-à, la fille des prépositions…
Et après cela, les plus cools d’entre-vous me diront qu’il ne se passe jamais rien à Yulblog. Parce que si nous sommes vraiment honnêtes, ce qui est intéressant dans les rencontres mondaines, ce n’est pas ce qui se dit, mais tout ce qui ne se dit pas… à voix haute.
Moi j’ai eu droit au :
«Qu’est-ce que tu sens?
– Euh… (J’ai failli ici placer mon nouveau parfum Body Shop, mais il m’a interrompue à temps)
– T’as mangé quoi?
– Euh… à côté, là… de la poutine
– Ah. C’est ça qui sent de même…»
Entre ça pis Kid qui trouve que mes cheveux sont «bizarres»… avec des amis comme ça, on a pas besoin d’ennemis, dirait l’autre.
Une chance qu’on s’a.
Ouin, avec monsieur Rappaz la difficulté c’est qu’il a un style rapide et agressif au sens sportif du mot. Il dit, « tu sens la frite ». Tu veux répondre, sûre de toi, brillante, « pis toi avec ta pommade à cheveux collante que ouin… han », mais il réplique avant que tu ne places un mot, « fais pas c’te face-là, tu me trouves drôle ». Et là on fait, « Euh, ça fait ton charme », tandis que l’on fulmine dans notre ford intérieure.
Après on se prend à souhaiter que quelqu’un lui paye deux ou trois shooters, pour qu’on puisse pogner le dessus.
Tu le dis : une chance qu’on s’a…
Faites pas mal au petit minou! Ça pouich, grafigne et grogne mais ça ronronne quand c’est sur vos cuisses. C’est un animal de compagnie…
Tu sais bien que je plaisante… Je vais le préciser parce que tu es si représentatif des garçons sensibles en général, que je ne voudrais pas faire de peine à personne 🙂