La rébellion contre les stats…

Parfois, afin de préserver intacte une certaine vision du monde, nous nous gardons bien loin de la vérité. Dans les années « 80 », Harvard, Yale et Newsweeks révélaient les résultats d’une étude alarmante pour les femmes qui ne s’étaient pas mariées dans la vingtaine : plus elles avanÇaient dans la trentaine, plus leurs chances de rencontrer un homme et de se marier se rapprochaient de la probabilité d’être prises en otage ou frappées par un attentat terroriste… Non seulement, nous nous rappelons cette phrase, mais presque tous les jours elle est reprise à la blague dans les conversations ou dans la fiction. Les chiffres de cette étude ont été complètement révisés et la méthode utilisée au départ a été vertement critiquée – voir le résumé du livre de Faludi Backlash. Les médias avaient déjà publié cette étude, avec en gras les quelques mots percutants au sujet des prises d’otages et du terrorisme. De là, crédible ou pas, l’étude est passée dans les rangs de la sagesse populaire. Or, si vous avez un peu plus de 29 ans et êtes toujours célibataire, on vous assènera « les mots en gras » de la prétendue étude scientifique.

À ceux qui s’obstineront à croire à ce qui est publié par la sérieuse revue, vous pourrez dire qu’il existe même des filles, qui ayant plus de 30 ans ont rencontré l’amour et ont survécu à un attentat terroriste. Avec plus de trente années derrière la cravate et un 11 septembre mouvementé en mémoire, je lèverai la main, pour nous aider à mettre fin à cet alarmisme absurde qui voudrait que nous nous comptions toujours chanceux de notre sort, mais par-dessus tout, que nous nous mesurions toujours à des chiffres. Des statistiques du genre, il en pleut sur les hommes comme sur les femmes et j’espère donc que vous les considérerez avec un certain détachement.

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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