Quitter mon pic-bois et mes geais bleus

Pour peu, on se croirait dans une chanson de Beaudommage, vous vous rappelez Pic-bois, sur le gars qui ne veut plus revenir en ville? Sauf que moi, je veux revenir en ville, mais sans perdre le pic-bois et tous mes oiseaux. Je vieillis, car pour la première fois de ma vie à l’idée de quitter une maison où j’ai habité, j’ai du chagrin. Le premier signe s’est manifesté lorsque nous avons vendu notre maison de Montréal : la seule chose qui m’a fait un peu de peine, c’était de laisser les arbustes et les plantes que j’avais mis dans la cour. Imaginez-vous que sur l’autoroute, je pensais aux petits arbres que je laissais derrière moi et j’avais les larmes aux yeux. Ici, je laisse un peu plus. D’abord, une pareille maison à Montréal coûterait ou bien très cher ou serait située dans le plus creux de Notre-Dame-de-Grâce ou de quelque banlieue éloignée. Ensuite, je laisse mes vivaces, ma grande cour – correcte selon les standards de banlieue, mais énorme en regard des propriétés du centre de Montréal – et toute la faune du quartier. Je ne fais pas ici de charmante métaphore pour désigner mes voisins, je parle bien des animaux qui habitent tout près d’ici : les geais bleus, les cardinaux, les petits pic-bois, les canards et j’en passe. Animaliste ou animiste, dites-le comme vous le voudrez, à ce point-ci, je m’assume et m’en formalise guère. Tout s’explique certainement, si l’on sait que l’écrivaine qui a le plus marqué ma jeunesse est Colette, avec ses Dialogues de bêtes et ses récits souvent champêtres. Mais la logique et la justification psychanalytique du comment et du pourquoi, ne m’empêcheront pas de m’ennuyer de mon pic-bois…

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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2 réflexions sur « Quitter mon pic-bois et mes geais bleus »

  1. Mais pense à la joie de retrouver les (gras) écureuils montréalais! Je sais, je sais: ils sont moins sympathiques que les petits suisses de ta cour outaouaise… Et, sur le plan métaphorique, il y aura aussi une faune locale bien plus colorée que celle de ton voisinage actuel, euh, paisible (pour employer un euphémisme!).

  2. Tu as raison… Et tu seras fort heureuse d’apprendre que si tout se passe comme prévu, quand tu nous visiteras, Liam pourra jouer au parc Kennedy de l’autre côté de la rue.

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