Je me le demande encore, mais je suis certaine dune chose : il y a presque autant de raisons de bloguer quil y a de blogues. Journal personnel, projet décriture, plateforme professionnelle, ce ne sont que quelques catégories qui regroupent chacune bon nombre de sous-catégories. Parfois des amis qui nont pas de blogue me disent quils aimeraient sy mettre, mais quils attendent davoir un projet bien défini. Humm, cest certain que sils lisent Banlieusardises, Mère indigne, Un taxi la nuit ou tout autre blogue dont le projet créatif ou le but bien arrêté a fait recette, leurs petites velléités de blogage paraissent bien humbles, voire simplettes. Les miennes à ce compte le sont probablement. Mais bon, est-ce que tous nos loisirs doivent nous mener à la reconnaissance publique ? Si on peut cuisiner pour son plaisir et pas pour se retrouver sur la chaîne « Food », ne peut-on pas bloguer sans viser être une blogostar ? Parce que bloguer, cest aussi un loisir et un loisir éducatif de surcroît.
En 2001, Mikel bloguait déjà depuis plus dun an avant larrivée des logiciels de Weblogging, il avait une page personnelle – , et alors quil enseignait le e-business à McGill, il testait souvent ses contenus de cours sur moi. Cest ainsi quil ma proposé dessayer Radio UserLand. Jallais donc bloguer. Je travaillais alors en relations avec les médias, après avoir été journaliste et je voyais un intérêt certain à l’expérience de l’auto-publication. Comme il me fallait trouver un nom et que j’arrivais seulement dans cette petite communauté virtuelle, jai baptisé mon carnet, Nadia chez les Internautes (avec une majuscule comme si Internet était le nom dun pays virtuel). Je dis souvent que je blogue comme je faisais de la radio et à la radio cétait six sujets lheure, quatre chroniques par émission, la variété quoi. Cinq ans plus tard, mis à part cette intention, je nai toujours pas de projet bien défini et en cours de route, selon mes préoccupations, langle de mon blogue a changé et mon lectorat a connu des hauts et des bas.
Cette variation sexplique en partie si lon considère dabord que jécris en français, que je vis maintenant (plus pour longtemps) en Ontario, que jai connu deux interruptions totales de blogue de quelques mois une éternité dans la blogosphère et de quoi vous faire prendre le bord de toutes les listes et que je ne travaille ni de près ni de loin dans le milieu du Web. Lautre partie cest le « it factor » ce qui fait quon « pogne » ou pas. Je mets tout cela par écrit non pas pour vous tirer les larmes, mais pour expliquer que malgré que mon blogue ne soit pas une source de revenus ou de popularité et bien que ce qui me tient à coeur lécriture et la peinture ait peu à voir avec le Web, jai appris beaucoup grâce à ce « passe-temps ».
Dabord, jai des échanges avec des gens intéressants, parce que si les blogueurs connus sont très sollicités et courtisés, les moins connus comme moi nont aucune pression à la performance et ont tout leur temps pour tisser des liens. Ensuite, à jouer dans la blogosphère on apprend à échanger par écrit avec civisme, à être critique sans insulter et sil le faut à mettre de côté les gens qui ne respectent pas notre éthique en la matière. Juste là, cest toute une école. Puis, il y a tout ce que lon doit éventuellement apprendre, la nécessité étant la mère de linvention, pour bloguer : par exemple, manipuler des images et manier les bases du html. De plus, si cest un but recherché, on met en pratique son sens de largumentation et on améliore la qualité de sa langue.
Donc, si je retournais à l’enseignement à Montréal, jutiliserais encore plus les nouvelles technologies pour rejoindre mes étudiants. Le blogue comme outil éducatif, pourquoi pas?