Depuis que j’ai commencé à travailler en relations publiques (ça fait déjà plus de dix ans), le métier de relationniste a bien changé. La question n’est plus de savoir si le métier persistera, mais dans combien de temps il sera complètement remplacé par un gestionnaire des contenus diffusés à l’externe. Car ne nous leurrons pas, si les médias vivent une crise (ou une transformation), les relationnistes doivent revoir leurs méthodes. Les listes, les 150 dossiers de presse en envois postaux, les communiqués ampoulés aux titres calembouresques n’ont plus leur place.
Communiquer son dossier…
D’abord, les salles de presse ont rapetissé, les pigistes se sont multipliés (rendant ainsi l’envoi postal de dossiers de presse très inefficace) et la plupart des contenus ont leur double en ligne, souvent produits par des pigistes ou des gestionnaires de contenus. Or, ces producteurs de contenus ont des compétences différentes des journalistes et n’ont pas tout leur temps pour jaser au téléphone avec des relationnistes.
Les listes de médias…
Il y a dix ans, pour un relationniste la base du boulot était de garder une liste de contacts de presse à jour. Des fournisseurs offraient aussi des fichiers mis à jour quelques fois par année ou selon les saisons médiatiques. Les journalistes demeuraient pour la même entreprise des années, changeant tout au plus de bureau, ce qui facilitait le travail. Depuis déjà deux ou trois ans, une liste de médias efficace est constituée des chefs de pupitre ou de contenu du domaine visé et de quelques journalistes spécialisés (souvent indépendants). Pour le reste, une nouvelle (si elle bien conçue) est reprise par des pupitreurs Web, des agences de presse et divers médias en ligne qui la propagent partout.
Dans ce contexte, le dossier de presse imprimé avec le petit cadeau symbolique ennuie les écolos et remplit indûment la boîte de courrier des journalistes les plus populaires. De plus, avec la convergence et les mouvements constants dans les médias, les envois massifs sont une perte de temps et d’argent : au mieux les 10 contacts qu’il fallait joindre l’auront reçu, au pire on vous retournera sur des semaines le tiers de vos envois – s’ils n’ont pas été envoyés au bac à récup à la réception.
Vos contenus seront diffusés sur le Web aussi bien les concevoir pour ça…
Quant aux médias Web, ils réagiront à une version électronique, au contenu bien découpé et présenté avec tout le matériel (images, liens, etc.) nécessaire à la mise en ligne. Parce que les pupitreurs, édimestres et autres n’ont pas envie de recopier votre communiqué ou s’il est en version électronique de devoir segmenter l’information par thème eux-mêmes. Et, là, un contenu pour les médias traditionnels qui est bien fait, se répartira en un clic en brève, en manchette, voire en contenu pour médias sociaux. Alors le relationniste à la page (qui s’appellera peut-être autrement sous peu) saura comment structurer ce type de contenu.
Les journalistes indépendants, comme les producteurs de contenus pour les nouveaux médias ont souvent un créneau bien défini, alors ils n’aiment pas trop être submergés de propositions qui ne correspondent pas à leurs intérêts ou leur mandat. Au lieu de les ennuyer avec trois dossiers différents chaque semaine, le relationniste nouvelle mouture fera bien d’adhérer aux réseaux sociaux qu’ils fréquentent et pour se renseigner sur leurs intérêts. Donc, plutôt que des listes de travail éphémères, on se constitue des réseaux de diffusion.
Et le téléphone et les lunchs d’affaires dans tout cela ? Quand on a identifié les gens qui s’intéressent aux sujets dont on fait la promo, une conversation téléphonique ici et là, et un on se « sms » et on déjeune peut être de mise, mais il ne faut pas croire qu’on vendra n’importe quoi au journaliste pour autant…
Oui, ce métier est en mutation, de la même façon que celui de ses vis-à-vis principaux, les journalistes, subit de profonds changements. Et, il suffit de consulter les annonces d’emploi en communications pour constater qu’un mouvement de fond est amorcé.
Excellent article Nadia 😉
Petit (pendant les 70’s), j’ai connu les aiguiseurs de couteaux ambulants. Il passait de maison en maison avec une meule pour affûter les couteaux. Ce métier a disparu et il a été remplacé dans les cuisines par des Willi Wallers.
Il faut juste que les gens gardent en tête que 80% des métiers d’aujourd’hui n’existaient pas il y a 20 ans. C’est à chaque fois la même chose d’une génération sur l’autre. C’est ce qu’on appelle l’évolution.
Merci 🙂 Pour le reste, je suis tout à fait d’accord avec toi. Cela dit, toutes les bourdes que l’on voit en rp ces derniers temps sont réalisées par des gens qui minimisent le changement actuel et croient qu’il suffit de saupoudrer un peu de « 2.0 » dans leurs vieilles méthodes pis on en parle plus…
Tout à fait. Tu as tellement raison.
Plusieurs relationnistes m’envoient tellement de choses qui n’ont rien à voir avec ce que je couvre en ce moment…Et j’efface inlassablement le courriel… au lieu de cibler et m’envoyer les trucs écolos.
L’une des agences persiste à me téléphoner pour tous les sujets et m’expliquer le dossier…La dernière fois le sujet était un truc sur les soins de longue durée ou quelque chose du genre…Gentiment j’ai dit à la jeune relationniste qu’il était totalement inutile de m’appeler, surtout pour un sujet qui est très loin de mes intérêts…
Généralement, le courriel dont l’objet est clair (hyper important car j’haïe les objets comme Communiqué ?!?! Je veux en savoir plus sinon poubelle), incluant les informations pertinentes va avoir mon attention sinon poubelle….
Cécile : nous avons toutes deux été des deux côtés de la clôture et à mon avis quand on prend le temps de téléphoner à un journaliste on pourrait aussi prendre le temps de le « googler » avant pour mieux connaître ses intérêts 🙂