La dictature du I Like

Aimer à tout prix et se le faire vendre à bon prix : un jour on se rappellera le Web social d’avant le marketing du I Like.

Une des caractéristiques du marketing c’est de toujours chercher à bâtir des banques de données sur les consommateurs. Vous aimez quoi? Vous allez où? Vous fréquentez qui? Avec ces renseignements, on peut vous chanter la chanson qui vous plaît pour vous vendre un truc qui vous ressemble.On aurait pu penser que les médias sociaux changeraient cette compulsion de la donnée, mais non. Chassez le naturel, dit-on…

Au départ, quand les réseaux sociaux sont arrivés, le but était comme l’avait dit Esther Dyson, de susciter la communication par l’information. Cette communication ou conversation se déroulait entre individus, mais il fallait s’attendre à ce que tôt ou tard elle inclue les entreprises. C’est arrivé avec les pages Facebook d’entreprises et les profils sur Twitter. Encore là, le choix de l’usager dominait et la liberté de choix aussi. Nous entrons maintenant dans la dictature du I Like, puisque sur Facebook, plutôt que d’être adepte d’un produit ou du culte personnel d’un ami (surtout quand il n’est pas connu et se fait une page ou se fait le l’animateur de mille pages) ce qui se refuse aisément, on vous demande maintenant d’aimer ou pas. Cela va de pair avec ce mode de communication, un peu fake, où tout le monde se fait des je t’aime gros comme le bras entre quasi-inconnus ou vagues connaissances. Ta mère vient de mourir, dis-le sur Facebook ou Twitter et tu auras un pluie de «Je t’aime gros, gros», suivis deux minutes plus tard de «Je viens de goûter un sorbet mangue-fleur de Sumatra complètement malade»… The show must go on! Moi j’aime pas, J’ADORE !

Si ce n’était que de cela, revenons-en à l’obsession des données, mais le nouveau profil de Facebook remplace maintenant les renseignements fournis volontairement par des liens à des pages, pour la ville, les études, les emplois, les goûts personnels etc. Mais vous avez le choix, le choix entre aimer une pléiade d’entreprises et d’organismes ou de laisser votre profil sans information. Voilà donc l’idéal de communication par l’information qui s’en va à vau-l’eau.

Le chemin aura pris trois ans, mais on y est arrivé, on est revenu à la base, ramasser vos données personnelles, les relier à des produits et nous amener dans un beau monde de consommation sucrée et de faux I Like

Tiens j’ai le goût de voir en boucle I Heart ♥ Huckabees et de me faire suivre par des experts en existentialisme 😉

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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20 réflexions sur « La dictature du I Like »

  1. Il me semble que c’était évident depuis le début, non? Qu’on s’en allait là? Imagine: moi qui appuie férocement sur le piton « mute » de la télécommande pour ne jamais entendre une pub, qui les bloque âprement en ligne… ce qui est drôle, c’est qu’on ait autant tenté de me convaincre de Facebooker! (Ça s’est calmé depuis quelques mois.) Et pourquoi, sinon à des fins de marketing? Pour que je retisse des liens avec des gens qui, depuis dix (quinze, oui!) ans, m’auraient facilement retrouvée s’ils l’avaient voulu avec une simple recherche en ligne? Euh… non.

  2. Oui, la conversation avec les entreprises était un but marketing on ne peut plus clair. Et je trouvais normal d’y participer. Toutefois, le I Like forcé, la collecte de données orientées, va à l’encontre à mon avis du marketing conversationnel initié sur ces réseaux, pour revenir à la bonne vieille collecte comme au téléphone, mais fait avec un outil Web « interactif ».

  3. Un écran de fumée… virtuel, en somme. Mais heureusement assez grossier: qui veut l’éviter le peut… encore! 🙂

  4. Bienvenue dans le monde du consumérisme . C’est évident qu’un jours ou l’autre ce genre de chose allait arriver , la pub en arrache à la télévision alors il faut bien un endroit quelque part pour nous retrouver . Facebook à trouver un moyen judicieux avec le bouton like qui à fait un tabac .

    Nous ne sommes pas obliger d’adhérer . C’est toujours une question de jugement avec le web .

    Quelle judicieux texte et j’aime bien ta manière de voir les choses .

  5. Merci Éve-Catherine, je suis seulement soufflée que les marketeurs aient gagné leur pari et puissent continuer de faire de la business comme d’habitude : en ramassant des renseignements. Une fois les médias sociaux bien établis, on harnache la machine et voilà le travail…

  6. Ping : suzanne lortie
  7. Ping : Patrick Dion
  8. Ping : MS L'Heureux
  9. Ping : Sylvie Cajelait
  10. Ping : Isabelle T
  11. C’est par hasard que je suis tombé sur votre blogue que je découvre a peine et je trouve votre constat intéressant. J’aimerai cependant semer une autre piste complémentaire a votre arcticle.

    Je suis fatigué d’entendre dire du mal de toutes ces MÉCHANTES entreprises qui prennent tous les chemins tortueux pour nous inciter a la consommation, nous, pauvre VICTIMES. Moi je dis chapeau a la compagnie qui prend le temps d’analyser mes habitudes et mes besoins pour m’offrir un produit susceptible de m’intéresser, tout en me laisant le loisir de DÉCIDER si je VEUX adhérer a tel produit. Sommes-nous si peu nombreux a avoir un cerveau pour choisir notre consommation plutot que se le faire imposer. Quand je rencontre mon comptable, mon conseiller financier, mon agent immobilier, mon entrepreneur en construction, etc… je dois toujours commencer par une rencontre ou on établi mon budget, mes habitudes, mes besoins afin qu’on me propose le meilleur produit. La seule différence, c’est que ces MÉCHANTES entreprise le font a mon insu, puis me proposent un produit que je n’ai pas demandé. Sommes-nous si peu a savoir dire non ?

    La page de publicité sur facebook me proposait des sites de rencontres ciblé selon mon age et ma localisation pendant que j’affichais célibataire comme statut. Si c’était mon besoin, j’aurais pu adhérer directement au produit proposé plutot que de faire des recherches pour trouver un site qui me convient. Mais j’en avait pas envie et j’ai ignoré ces pubs. Quand je veux acheter un disque, je n’achètes pas celui qu’une méchante entreprise affiche sur ma page de profil, ou en grosse page couleur dans mon journal. Je lis le petit entrefilet de la pages de critiques du journal, je vais chercher une autre opinion dans quelques autres médias, et j’achete apres avoir eu de bons commentaires.
    Facebook me sert souvent a demander a mon réseau s’ils ont un bon resto, un comptable, un dentiste a me conseiller. L’opinions émise par mes contacts est jugée selon la crédibilité que j’accord a chacun.

    Je suis donc une victime du mercantilisme de facebook. Et si c’est le cas, rarement une victime doit s’etre senti aussi libre que moi !

  12. Votre commentaire est complémentaire, oui, en ce sens où il n’était pas question de ce que vous décrivez ici. Qu’on me propose des produits selon les goûts ou les renseignements que j’affiche, rien contre. Qu’on me force à partager mes goûts en m’abonnant à des pages pour tenir des statistiques sur moi, qui seront utilisés, pour plus que me proposer le meilleur latté de mon quartier ou les meilleurs produits pour la peau, là je me questionne…

    Quelle sera la prochaine frontière? Quand vendre une petite publicité ciblée par clique sur carte de crédit à une agence ou à un commerce sera moins payants que de vendre les banques de donnée ainsi accumulées?

    Entre aimer se faire proposer des produits, ce que j’aime autant que n’importe qui, et voire mes renseignements utilisés dans un autre contexte que celui du réseaux auquel je souscrits, il y a un monde. Et, il ne faut pas être naïf.

  13. Ping : Nadia Seraiocco

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