Quand il y a une caméra, une surveillance de nos actions, il y a aussi la plupart du temps des performeurs, conscients que leurs actions sont captées, prêts à se livrer en spectacle. Quand ce sont nos données qui sont captées, il y a toujours un artiste prêt à transformer cet acte de surveillance en un discours esthétique et critique.
Larson – Shniderfeld : commenter l’espionnage par une démarche artistique
Quand mon régime de vérité devient mes données, mon mode de publication et la personnalisation de mon profil on se trouve devant un détournement de sens par la géolocalisation.
Chaque message que nous émettons, sur Twitter, Facebook ou Instagram inclut la possiblité d’être « localisé » dans un périmètre assez restreint. Grâce aux photos de Google View, on peut maintenant voir la rue où vous vous trouvez, imaginer l’endroit exact d’où vous avez émis votre message… Cela, sans même que vous ayez choisi de le faire.
Le projet de Nate Larson et Marti Shnidlerman : dans un contexte d’intimité ambiante (par la connexion mobile à nos réseaux) nous captions des microsignaux des utilisateurs, nous pouvons même souvent les situer géographiquement, savoir qui est « près » de nous. Leur projet est simple, mais riche de significations : relier un tweet avec la photo d’un endroit correspondant à la géolocalisation du message.
Nous sommes libres, mais nos données personnelles sont physiquement emprisonnées, détenues par les marques qui nous offrent de gérer le « social » dans nos vies. Les « institutions complètes et austères » de Foucault sont maintenant des méga serveurs qui notent toutes nos actions… En vue, peut-être de nous punir.
Contre-attaquer par l’art : John Gerrard, Farm
L’Internet n’est pas dans l’air, nos données ne sont pas en circulation libre, se posant parfois chez Facebook, Twitter ou dans Google… Gerrard, qui est irlandais dit, Il y a un cable sous-marin dans l’Atlantique qui relie l’Irlande et l’Amérique. Rien de magique donc.
De gigantesques fermes de serveurs sont intallées dans territoires éloignés des regards. Gerrard a demandé la permission de photographier ces installations… On lui a refusé… Avec une détermination similaire à celle déployée par les autorités américaines pour espionner leur concitoyens, il a loué un hélicoptère et est allé survoler « la ferme Google » à Priyor Creek, Oklahoma.