Le syndicat des professeurs des collèges de l’Ontario a déclenché la grève le 7 mars et selon l’info officielle, cela se poursuivra encore un bout. Je suis professeure dans un collège francophone d’Ottawa et malgré mes inquiétudes quant à mes étudiants – je prends leur réussite très au sérieux – je comprends les demandes du syndicat.
À l’automne, j’avais sous ma responsabilité cinq classes pour un total de 167 étudiants. Un des groupes appartenait à un programme spécialisé et ne comptait qu’une vingtaine d’étudiants… Faites le calcul : mes autres groupes comptaient 35 étudiants ou plus. Imaginez maintenant la correction des textes, des examens et le soutien individuel. Comme beaucoup de mes collègues, j’étais débordée et les quelques heures de disponibilité payables chaque semaine aux profs non permanents ne couvraient jamais le temps consacré aux étudiants.
La qualité de l’enseignement va de pair avec le temps que les professeurs peuvent consacrer aux étudiants et à la recherche pédagogique. Chaque session, les collèges engagent des professeurs « temps partiel », qui en raison de la charge de travail iront souvent chercher ailleurs un emploi 9 à 5 moins exigeant. C’est donc une expertise qui se perd, en plus d’ajouter à la tâche des gens en place qui doivent soutenir de nouveaux profs à toutes les sessions.
On peut dire ce que l’on veut des vacances et congés associés à la profession, mais chaque cours de trois heures entraîne une dépense d’énergie équivalente à une journée au bureau et cela n’inclut pas le temps que le professeur met pour adapter son contenu de cours. Devant une classe, on ne peut pas rêvasser, appeler ses amis, surfer sur Internet, il faut être présent et animer le groupe. Il faut donc aimer rencontrer ses groupes chaque semaine, organiser son horaire de travail et apprendre de nouvelles choses.
S’ils gagnent correctement leur vie, ce n’est sûrement pas le salaire qui tient les profs en poste… J’ai connu des domaines d’emploi où les salaires étaient parfois plus élevés et les responsabilités moindres.