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Quand Lepage et Tremblay tiédissent… Certains s’enflamment!

Lepage ne s’est jamais mêlé de politique. En fait, souvent il évite le sujet, confronté il parle de héro national, de création, bref il patine. Quant à Michel Tremblay, il a exprimé certains doutes sur la stratégie actuelle de promotion de la souveraineté du PQ et hop ! le voilà qui fait la une. Je partage l’opinion de Josée Legault qui dit que les artistes ne sont pas de politicologues et qu’ils ont droit d’émettre une opinion ou un doute sur une question politique sans que personne ne déchire sa chemise…

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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5 réflexions sur « Quand Lepage et Tremblay tiédissent… Certains s’enflamment! »

  1. Bon bon bon… On se calme s’il-vous-plaît monsieur Gros Pouich…

    Tremblay n’est pas fédéraliste: il a seulement remis en question la stratégie souverainiste axée sur l’économie et le fric. Point à la ligne.

    Et même si sa formulation était quelque peu maladroite, il a raison sur le fond: désolé, mais aucun peuple n’a dans son histoire réalisé son indépendance pour régler des problèmes de déséquilibre fiscal ou éviter les dédoublement administratifs entre les gouvernements provinciaux et fédéraux. Ces enjeux, sans être insignifiants, devraient être secondaires dans l’argumentaire souverainiste.

    Parallèlement, l’argumentaire fédéraliste a lui aussi connu une dérive ces dernières années. La défense du Canada ne passe plus par une défense de l’identité et de la vision canadienne (ou lorsque la chose est faite par un Pierre Pettigrew, elle l’est avec une extrême maladresse), mais par une dialectique simpliste où le Canada est simplement le meilleur ‘deal’ pour le Québec. Le fric le fric le fric…

  2. Bon dieu ! Je délaisse l’ordi une petit journée et voilà qu’on met à mort nos meilleurs dramaturges. J’espère que Gros Pouish faisait un peu d’ironie… Cela dit, tous s’accordent à dire que Tremblay est souverainiste et qu’il a droit à son opinion sur les questions de stratégie de conviction du PQ. Hubert rattrape bien la chose, les gens de coeur comme Tremblay ne se sentent pas interpelés par les histoires de déséquilibre fiscal et autre charabia administratif et ils ont bien le droit d’être déçu du discours comptable qui est à la base de toute chose… Chacun veut nous vendre sa salade et partout les partis politiques veulent nous attraper en nous parlant de profits et d’argent. La sagesse populaire dit, « un tien, vaut mieux que deux tu l’auras ».

  3. Que penser de toute la violence générée par les déclarations des deux créateurs… On dit du milieu de l’art qu’il est plus ouvert, plus tolérant, plus progressiste, plus avant-gardiste, plus humain… Cette triste saga semble démontrer le contraire.

  4. Je ne sais trop que penser du dernier commentaire car je n’ai pas l’impression que ce soit le milieu de l’art qui manque d’ouverture face aux commentaires de Tremblay ou de Lepage… Je dirais plutôt que certains individus sont simplement déçus que des figures publiques d’envergure prennent leurs distances face au « projet commun » (qui n’est peut-être pas si commun que ça… puisque pas encore réalisé!).

    Alors que Tremblay questionne la stratégie mercantile adoptée par le PQ sans proposer d’alternative, Lepage, comme bien d’autres, réclame une figure mythique pour enflammer ses convictions nostalgiques… Mais l’histoire politique québécoise n’a-t-elle pas connu suffisamment de leaders revendicateurs à la « Borduas »… qui suite à l’échec d’une quelconque élection ou d’un quelconque référendum ont dû quitter la scène politique, comme si la société les avait forcés à s’exiler parce que n’étant pas prête à assumer les changements proposés?

    Mon analogie avec ce personnage mythique de l’histoire de l’art québécois qu’est Borduas n’est pas innocente car je compte me servir de l’opposition entre Pellan et lui afin de souligner le fait que la véritable transformation réside dans l’action et non dans la revendication, que ce soit sur le plan artistique ou politique. Si les idéaux du Refus Global ont servi près de trente ans après sa publication à légitimer les bouleversements sociaux et culturels des années’60, des gens comme Pellan avaient déjà « créé » la modernité artistique au Québec, lui ayant donné de façon habile un espace pour qu’elle s’épanouisse jusqu’à ce qu’elle soit reconnue. Ainsi, bien avant la révolution tranquille, la « reconnaissance » et l’ouverture tant convoités par les artistes, la modernité artistique au Québec était un fait.

    La vision de Pellan était fort différente de celle de Borduas en ce qui concerne les moyens à employer pour ouvrir le Québec à cette modernité artistique. Indépendant, Pellan ne souscrivait pas au caractère « sectaire » de l’Automatisme et du groupe constitué autour de Borduas. Alors que le Refus Global fut un coup d’éclat qui n’a réussi, sur le moment, qu’à marginaliser davantage ses signataires en plus de forcer Borduas à l’exil, Pellan a choisi de travailler concrètement à transformer le système de l' »intérieur ». Engagé comme professeur à l’École des Beaux-Arts de Montréal, il a imposé ses propres conditions, et son enseignement était en lien avec ses propres valeurs et vues de l’art. Face à l’autorité, Pellan disait -oui oui- et n’en faisait finalement qu’à sa tête. Parmi ses gains, il n’y a qu’à mentionner le vernissage d’une exposition d’étudiants au cours duquel le peintre a mené étudiants, journalistes et spectateurs à réclamer et à obtenir la démission du directeur de l’école, Charles Maillard, qui confinait l’enseignement à un académisme dont le seul objectif était la mise en valeur de l’idéologie clérico-nationaliste par des moyens plastiques dépassés tels que l’impressionnisme.

    Pellan ne s’est pas posé en martyr. Il n’avait pas de prétention autre que d’amener l’art québécois à la modernité, et l’agent de transformation qu’il a privilégié était ce qu’il connaissait le mieux, l’art. Son séjour en Europe l’avait ouvert à d’autres influences, perspectives et préoccupations que celles qui limitaient les Québécois à l’époque, et il ne ressentait pas le besoin de confronter ou de revendiquer : il agissait… faisant preuve de la même constance et de la même persévérance tout au long de sa carrière.

    C’est peut-être son absence de prétention à l’égard de la transformation de l’identité collective qui a finalement contribué à ce qu’il soit mis à l’écart, pour ne pas dire oublié, dans l’engouement que le Refus Global a suscité au cours de la Révolution tranquille. Il a d’ailleurs souffert du fait que la mémoire collective lui ait (injustement) préféré Borduas à titre de héros de la construction de la modernité artistique québécoise, et il a longuement hésité avant d’accepter le premier prix « Borduas »…

    Pour en revenir à nos séparatistes, souverainistes ou indépendantistes, ils auraient à mon avis avantage à apprendre à cultiver cette sagesse du héros de l’ombre. Qu’ils « agissent » et construisent le pays québécois à l’intérieur du cadre constitutionnel actuel, avec patience, persévérance et constance, jusqu’à ce que la collectivité québécoise ne puisse plus nier l’existence de ce pays.

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