Papesses, matantes et femmes à barbe

Nous avons tous notre biais quant aux histoires qui circulent dans les médias, sur le Web et dans la vie. Dois-je le dire, mais mon biais à moi est souvent féminin et féministe. Dans l’histoire des placoteux du Web, il était double, puisque Michelle est une amie appréciée et que les quolibets (voire accessoires), dont les commentateurs ont affublé les parties, ont froissé ma sensibilité.

Je réfléchis moi-même beaucoup à la pertinence d’être partout, de tout médiatiser par les truchements du Web, or dans cette masse d’information, la réflexion de Lise Bissonnette se dégage et peut permettre une mise en question de l’usage des outils Web en journalisme. A-t-elle raison? En tous cas, parler d’utilisation intelligente des outils ne peut pas nuire. Cette mini-controverse élaborée d’abord en toute discrétion par madame Bissonnette (et devant très certainement une foule qui ne tweettait pas la conférence), a été propulsée par Nathalie Petrowski, une rusée celle-là,  qui sait manier l’opinion publique, puisque son article personnalisait le débat en donnant comme exemple Michelle Blanc. Cela a eu l’effet escompté : faire réagir la fameuse communauté de placoteux et de gazouilleurs.

Petrowski,  la critique si souvent caricaturée ramant à contre-courant avec une énergie que lui envient sûrement les saumons, ne s’est pas contentée de classifier tout une communauté sous une bannière, non, elle a fait des placoteux des ouailles 2.0, baissant la tête devant la Papesse du Web, Michelle Blanc. L’allégorie tenait la route et, surtout, allait piquer Michelle, ses ouailles, comme ses détracteurs.

Après les placoteux et les papesses, nous allions voir un billet de Renart Léveillé sur Nathalie Petrowski et le syndrome de la matante. Renart précise bien que cela à voir avec la façon de penser et non pas l’âge. Que ce soit relié à l’âge ou au manque d’ouverture d’esprit, ce terme me laisse toujours un goût amer, comme pétasse ou poule. Disons que l’usage public du mot matante, pour désigner des femmes qui peuvent nous sembler moins pertinentes ou fermées d’esprit, me hérisse autant que de traiter d’en traiter d’autres de bas-bleus. Moi qui me suis faite traitée de jupe en terre-cuite par un animateur-vedette de Québec, je trouve ça facile.

Mais le cirque ne venait que de commencer et j’espère qu’il se conclura avec le numéro de la femme à barbe, mis en scène par Simon Jodoin et un acolyte. Que l’on soit d’accord avec l’ensemble du texte de Simon ou en partie, il faut lui donner ce qui lui revient, il sait écrire. Michelle a beau être mon amie, je la laisse se défendre quand elle décide de combattre ses opposants préférés… Mais je n’ai pas vu l’humour dans cette scène du Caravage remaniée où Michelle portait une barbe et sacrifiait Nathalie. J’ai plutôt été horrifiée du manque de ce manque de tact.

Si personne n’a à faire d’exception dans les discussions pour le sexe d’un interlocuteur, de représenter une femme qui avec courage a accepté son destin de transsexuelle, en homme-femme-à-barbe, m’apparaît assez grossier.Ce n’était peut-être pas volontaire de la part des auteurs de cette farce, mais c’est ainsi.

Mais vous savez, je suis peut-être juste hormonale, les femmes, quand ça rechignent, c’est souvent à cause du spm…

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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17 réflexions sur « Papesses, matantes et femmes à barbe »

  1. S’il faut que je le spécifie à nouveau, j’ai pris la peine d’indiquer dans mon billet qu’il existe aussi des mononcles… Donc, je ne crois pas qu’il faille inclure le genre dans le débat. Je n’ai rien contre Petrowski la femme, mais bien contre le dinosaure. Mais bon, elle s’y est mise depuis, alors…

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  7. Nadia, Où vous avez vue une femme à barbe, moi je n’ai vu qu’une illustration à l’image de ce qu’elle dénonce, une mascarade grotesque. En ce sens, elle atteint bien son but. En revanche, j’ai été dégoûtée des attaques acharnées d’un défenseur hystérique de Michelle à l’endroit de Simon Jodoin dans les commentaires, qui allait jusqu’à le traiter d’homophobe et de nazi (???). Ça par exemple, personne n’en parlera. Je peux comprendre que l’image n’est pas politically correct, mais je suis certaine que l’auteur n’a jamais voulu attaquer l’intégrité physique de Michelle Blanc, ni de Nathalie Petrowski d’ailleurs.

    Monsieur Léveillé, je connais bien des gens pleinement épanouis qui contribuent à la société Québécoise de façon bien plus active que vous, sans avoir de compte Twitter. Oseriez-vous, par exemple, traiter Laure Waridel, Robert Lepage en pleine face de dinosaures?

  8. Et pourtant, Michelle porte une barbe dans l’image qui accompagne le texte. À moins que vous ne contestiez la barbe ou que vous l’ayez prise pour de la fumée, c’est bien donc une femme à barbe qu’a créé l’auteur pour accompagner son texte. Quant aux attaques contre Simon, prétendre que personne n’en parlera est faux, puisque vous en parlez ici et que j’ai approuvé votre commentaire.

    Je suis pour la modération en toute chose, je n’attaque pas les propos de M. Jodoin, mais un manque de sensibilité et de goût dans sa caricature sacrificielle. Si vous êtes certaine des pensées de M. Jodoin, moi ne le connaissant pas, j’ai réagi aux faits, non pas à des croyances sur ce que l’auteur ne pensait pas.

  9. Il y a certes une femme à barbe dans l’illustration choisie par Simon J. : cette femme étant le personnage qui commet le sacrifice. Or, Jodoin dans son texte identifie Michelle Blanc comme celle qui a sacrifié N. Petrowski sur le place virtuelle. Normal, donc, que madame Blanc soit le personnage portant une barbe.

    Je l’ai mentionné sur un autre blog, je crois qu’il s’agit d’un simple malentendu. D’ailleurs, qui est le plus transophobe : celui/celle qui voit immédiatement une femme à barbe dans la caricature ou celui/celle qui voit simplement la représentation d’une femme qui sacrifie une autre?

    Peut-être Simon a-t-il manqué de délicatesse dans le choix de son image mais cela ne saurait lui mériter des accusations de nazis!!

  10. Chère A., c’est en me mettant à la place de Michelle que j’ai vraiment compris l’effet que pouvait avoir cette image sur les sentiments d’une femme qui vient tout juste de compléter sa transition. Ne pas en tenir compte, ce n’est pas un crime, ni l’aveu d’une adhésion à une idéologie, mais un manque de sensibilité ou une faute de goût.

    Quant aux accusations dont vous parlez, qu’il soit question de transphobie ou de nazisme, elles n’ont pas eu lieu ici, ne sont pas de moi et ne pratiquant point le sport de l’étiquetage ou de celui-qui-le-dit-celui-qui-l’est, je n’y répondrai pas non plus.

    À Simon donc de convenir de cette errance dans le choix des images et à lui de répondre ou de modérer ses commentaires.

  11. Pour mémoire, Nadia, je n’ai traité personne de nazi. J’ai juste fait un parallèle entre cette caricature grotesque et l’esthétique néo-classique de l’art fasciste du XXe siècle qu’affectionnaient, entre autres, les nazis et qui leur donnaient une apparence de culture d’élite. Malheureusement, tout comme Jodoin et ses petits copains anti-tout, le classicisme dérivaient souvent vers le grotesque et la destruction.

    Par ailleurs, j’ai émaillé mes propos de moult arguments qui passent manifestement au-dessus de la tête de l’équipe de BangBang. Ils semblent plus intéressés par la farce et la condamnation facile que par l’exercice difficile, mais parfois enrichissant, d’un réel débat.

  12. Tu fais bien de le préciser dans un contexte plus épuré. Parce que tout en étant consciente que tu n’as pas levé d’accusations, je comprends que les gens ont pris un raccourci.

    En communication la clarté se fait souvent dans la concision. Or, en ce moment, la discussion qui fait suite au billet de Simon Jodoin compte quelque 80 commentaires, dont certains font plus de 1000 mots à la fois.

    C’est probablement pourquoi les résumés « punch » qu’en font chaque partie sur Twitter deviennent la « réalité » qu’on retient.

    Si les gens ne veulent pas débattre ou se se fatiguent des marathons Web, il faut parfois faire comme les anglos et « agree to disagree »…

  13. Annick T.

    « Monsieur Léveillé, je connais bien des gens pleinement épanouis qui contribuent à la société Québécoise de façon bien plus active que vous, sans avoir de compte Twitter. »

    je ne vois pas le lien, quelle est la prémisse à ce commentaire qui me semble hautement gratuit?

    « Oseriez-vous, par exemple, traiter Laure Waridel, Robert Lepage en pleine face de dinosaures? »

    Si je le pensais et que je me trouvais dans une situation où je pourrais le dire, pourquoi je me gênerais?

    Et t’inquiètes, quand je publie quelque chose sur mon blogue, j’assume devoir faire face à la musique si je vais trop loin.

  14. Renart – Merci de répondre à Annick en ce qui te concerne… Et je crois aussi que personne n’est « intouchable », la seule raison à mon avis de ne pas engager un débat autour de Laure Waridel et Robert Lepage est qu’ils ne se prononcent pas à tort et à travers sur le sujet.

    De fait, quand on publie des opinions fortes, il faut s’attendre à des réponses de la même nature 😉

  15. « De fait, quand on publie des opinions fortes, il faut s’attendre à des réponses de la même nature »

    En effet. Mais il faut tout autant des arguments… 😉

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