Si on absorbait tout ce qu’on retweete…

Souvent à 20 ou 30 liens par jour, si on lisait vraiment tout et j’insiste sur le mot vraiment ou bien notre culture se mesurerait en pétaoctets ou bien on se rendrait compte que les 38 billets sur les 10 trucs pour faire son entrée sur les médias sociaux, ça revient pas mal toujours au même.

Mais tiens donc, le Tweetie de Tweeter serait-il en fait un perroquet bleu? Ici, on le voit dans l'acte du "scratch my back and I'll scratch yours... Or I hope so..."

Pis en fait, si on ne se fiait pas au jugement d’autrui, si on essayait toujours delire et de se faire une opinion autrement qu’en deux minutes et trois RT, le momentum communicationnel serait passé et on serait out, pis on ne serait pas ou plus influent… Qui veut ça?

Hier, dans un billet sur le RT dédié à son ami Mondoux, Michelle Blanc exposait quelques signaux sociaux que peuvent envoyer la reprise d’une information ou retweet dans le langage twitteresque. Cette étude de l’interaction sociale est fort intéressante, mais il ne faut pas négliger qu’il se développe aussi cette culture du répéter ce que les gens socialement bien placés disent dans le but d’attirer l’attention sur soi ou d’interagir avec des gens connus. Dans la même étude que citait Michelle, (ma coauteure et moi on aime souvent les mêmes choses, mais pas toujours pour les mêmes raisons) on disait «Ego retweeting is also a way publicly appreciate someone else’s attention, especially when the original author has more visibility than the person referenced.1»

Pensez à Guy A. Lepage, les soirs de Tout le monde en parle (j’ai arrêté de suivre la conversation sur Twitter) il n’est pas rare de voir parfois 20 ou 30 RT de chacune de ses déclarations. De quoi se avoir de sérieux flashbacks de ma classe de deuxième année : les tinamis, on répète après la maîtresse, encore, encore…  On répète en ajoutant un mot ou deux, mais on n’approfondit rien et de toute façon ce n’est pas le but. Pris dans ce cercle vicieux, on peut facilement passer sa journée à renvoyer des balles en forme d’hyperliens dans l’univers Web, épris de se voir retweeté.

Disons-le, il fut un temps où l’acte de socialiser était plus direct, genre on s’offrait une bonne bière, pis on répétait en chœur,  ben voyons donc… Décidément, on aime répéter.

Je vous laisse donc avec cette réflexion, je vais aller sur Facebook liker deux ou trois vidéos hasbeen des années «80», pis ensuite s’il me reste du temps, je vais essayer de faire un #jeudiconfession vraiment cool sur Twitter.

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1. Boyd, danah, Scott Golder, and Gilad Lotan. 2010. “Tweet, Tweet, Retweet:
Conversational Aspects of Retweeting on Twitter.”
HICSS-43. IEEE: Kauai, HI, January 6, page 8

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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6 réflexions sur « Si on absorbait tout ce qu’on retweete… »

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  5. Entièrement d’accord avec toi; il serait bien que, lors d’un retweet, ce soit le message qui soit la raison d’être dudit retweet plutôt que le nom de l’expéditeur. Bref, que ce soit Guy A. Lepage, Geneviève Borne ou Frédéric St-Armand qui écrive le tweet original importe peu au final. Entre une sotte allusion au sexe de Guy A, un tweet de Geneviève Borne annonçant qu’elle vient de croiser Michael Douglas à la Tohu ou un lien de Frédéric St-Armand qui m’informe sur un nouvel outil de publication Web révolutionnaire, je retweet sans hésiter le tweet de Frédéric et, au besoin, j’y ajoute une quelconque information que je juge être utile. Mais malheureusement, comme le dit Steve Proulx dans un récent billet qui parle des réseaux sociaux: « Nous sommes ici au royaume de la tape dans le dos, du renforcement positif, du léchage d’ego. Dans les réseaux sociaux, tout le monde il est d’accord, tout le monde il est heureux, tout le monde il est beau, bon, gentil. Tout le monde, surtout, il est téteux. »

    http://www.voir.ca/blogs/steve_proulx/archive/2010/05/05/twitter-ou-t-233-teux.aspx

    Bref, on lèche Guy A Lepage et Geneviève Borne en souhaitant qu’ils retweetent un jour un de nos tweet et que les quelques milliers de followers qui les suivent donne ainsi un énorme boost au nombre de pages vues sur notre blogue. Pendant ce temps, Frédéric St-Armand et ses 124 followers ne semblent avoir rien de bien alléchant… Pourtant, nous savons bien que, quantité ne rime pas avec qualité et que 3000 pages vues ne signifie pas automatiquement 3000 pages lues.

    Ceci dit, j’ignore si Guy A. Lepage fait de sottes allusions au sexe sur son Twitter ou si Geneviève Borne a déjà tweetté le fait qu’elle venait de rencontrer une quelconque star hollywoodienne. Tu auras compris que ces noms n’ont été utilisés qu’à titre d’exemple et qu’ils auraient très bien pu être remplacés par ceux de deux autres leaders influents… Et Frédéric St-Armand est on ne peut plus fictif mais représente néanmoins les centaines de jeunes étudiants en marketing, communications, journalisme ou histoire qui ont bien évidemment des dizaines de Go de connaissances à partager mais qui sont, pour l’instant, victime de leur anonymat.

  6. Merci Mat de votre commentaire élaboré. Vous citez Steve Proulx, un nom connu, mais vous pouvez aussi lire mon billet écrit quelques jours avant le sien sur La dictature du I like (mon angle est plutôt celui de la collecte d’info et de l’amour sur un ton ironique). C’est un sujet à la mode et un thème redondant. Par exemple, dans la préhistoire des blogues, soit vers 2002, 2003, il y avait déjà une petite controverse autour des blogueurs plus « populaires » qui ne faisaient des références qu’à leurs égaux, ignorant souvent les points de vue valables émis par des gens moins connus. Héhé, pourquoi vouloir être cité, retweeté etc., si ce n’est pour être connu? Question complexe 😉

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