Aujourd’hui Michelle sur son blogue demandait : Permettre ou non l’utilisation des téléphones intelligents durant les spectacles? En lisant les commentaires, on voit que la question peut être abordée en termes de civisme ou de qualité de la promotion ainsi obtenue.
MAJ – Ce matin en jasant avec mon chum, il m’a rappelé qu’à Montréal, tous les spectacles de théâtre, de danse ou de musique d’artistes connus affichaient complets trois mois à l’avance… En régions ces shows jouent un soir ou deux… Et les artistes moins connus ont-ils besoin que nous twittions leur soir de première? Non, ils ont besoin de points de vue intéressants, de billets étoffés qu’ils pourront utiliser pour expliquer leur travail, augmenter leur public et aller chercher des fonds. Cette promo peut peut-être servir à mousser la marque d’un événement moins connu, mais l’artiste lui-même… De plus, mes billets arts sont lus via Facebook et très peu via Twitter, mais tout ce qui touche les médias sociaux fait ses choux gras de Twitter. À méditer…
Nous utilisons les réseaux sociaux pour consulter nos connaissances et bénéficier de leur sagesse avant de faire un choix. Si Nathalie Rivard me dit que les chaussures de Johnny Fluevog sont de bonne qualité, je la crois. Si Rémy Charest s’emballe pour un vin, je veux y goûter. Nathalie pourrait peut-être me recommander un vin, mais je doute que Rémy s’arrêterait à me conseiller en matière de souliers. J’écoute donc les conseils des uns et des autres parce que je crois que leur opinion dans le domaine est bonne.
Il en va de même pour le théâtre ou la musique. Avons-nous vraiment besoin de voir des vidéos amateurs, des photos floues, des tweets excités pour nous faire une idée? J’en doute. J’aimerais mieux un billet de blogue bien senti ou un article Facebook enthousiaste. Cela faisait donc pour moi un double négatif : on dérange ses voisins et on produit du matériel promo merdique. Martin Durocher de l’événement Zoofest m’a alors répondu:
@Nadia : Et si on proposait aux gens de le faire dans le cadre d’une première média ? Dans une section réservée «Médias Sociaux» ?
On réglerait ainsi la question du civisme… Mais, je me suis demandé s’il était si important d’avoir une promo en temps réel. Après avoir commenté chez Bianka, j’ai conclu : pourquoi prendre un groupe de blogueurs-réseauteurs et essayer de lui faire faire le même genre de boulot que fait déjà la gang de journalistes traditionnels? Ne reproduirions-nous pas alors les modèles que nous critiquons amplement? La couverture d’un spectacle reviendrait-elle toujours au modus operandi archi-connu du donne-moi des billets, je m’assis en avant, je tweete ou je fais un article sur ton truc?
Ce ne sont pas des commentaires comme, Je suis au show de X avec X et X… Yé! suivi d’un C’est beau! – écrire des envolées lyriques en twittant et en photographiant dans le noir n’est pas facile – qui me convaincront de voir un spectacle. Et vous, public rusé, vous savez très bien que le dit blogueur ou réseauteur est probablement invité au même titre que les journalistes. Cela pourrait être la recette idéale pour tuer un petit spectacle. Les grandes vedettes s’en tireront, mêmes avec des vidéos floues et des commentaires brouillons, puisque les médias traditionnels les couvriront et les producteurs achèteront assez de médias pour vendre leurs billets.
Revenons-en au téléphone intelligent. Ainsi équipé, le blogueur-réseauteur doit-il alors subir les contraintes du style journalistique et rivaliser avec les journalistes dans son parc de «médias sociaux»? Non. Le relationniste aura repéré les blogueurs qui ont des publics pertinents (ce qui ne veut pas uniquement dire les plus populaires) et leur demandera de proposer des angles nouveaux. Il y a des milliers de façons de couvrir un spectacle qui sortent des ornières du journalisme classique.
Dépassez-vous! Ne me dites pas que nous allons encore transposer cette courte vue qui nous fait critiquer les traditionnels à notre utilisation de ces beaux outils rutilants… Cela, pour ensuite créer une bande de «médias-sociaux-vedettes-accrédités», qui se téteront entre eux et en viendront à critiquer les petits fours plutôt que les spectacles.
En 2006, dans les musées, j’accréditais déjà des blogueurs pour des conférences de presse et des premières, il existe déjà une façon de faire en relations publiques, il suffit d’y ajouter la donnée du téléphone.
Sans empêcher chacun de s’exprimer et les artistes d’en bénéficier, la question du civisme demeure : avez-vous envie de voir votre voisin tweeter à grands coups de Wow, je capote! et filmer à bout de bras de son téléphone pour envoyer une vidéo floue au son grinçant sur les médias sociaux? Si ça m’arrivait, je me ferais rembourser mon billet.
approve 🙂
J’approuve aussi.
C’est désagréable pour les autres spectateurs. C’est désagréable pour l’artiste qui tente d’établir une communication avec son public (un public qui twitte/filme/photographie n’est pas en relation avec l’artiste, pan toute) et comme tu dis, la qualité d’un vidéo amateur ne rendra jamais justice au (long) travail de ceux qui sont sur scène.
Il y a quand même des endroits où on n’a pas envie d’être multi-tâches 🙂
Martin Petit parle d’intégrer une pause pour les twittereux impénitents. C’est une bonne idée.
Ne le nions pas, une mauvaise photo ou une mauvais vidéo pourrait faire beaucoup plus de tort que de bien à un petit show.
Quand je prends la peine d’acheter un billet pour aller assister à un spectacle, je veux pouvoir en profiter et être vraiment présente. L’environnement est par conséquent un élément important. Il m’est arrivé de me retoruver derrière des twitteux qui non seulement ont eu le bras tendu pour photographier, mais qui en plus se montrait les photographies qu’ils venaient juste de prendre et, en prime, les commentaient. Quelle affreuse soirée, gâchée par des personnes se croyant tellement « hot » d’être présentes à ce spectacle qu’elles devaient le faire savoir à toutes leurs connaissances. Moi, je voulais voir et entendre le spectacle, pas leurs commentaires insignifiants. Alors, de grâce, interdisez ces objets maléfiques penant les spectachles. Un Blackberry ou un iphone dans un spectacle, ça dérange autant le spectateur qu’une moto marine sur un lac quand le calme baigneur veut seulement entendre le clapotis des vagues… La paix s’il-vous-plaît!!!