La technologie peut-elle réduire le décrochage scolaire?

Smart Board ou tableau interactif... Source : Wikicommons

La semaine dernière, Jean Charest présentait un discours d’ouverture, où l’éducation était une préoccupation marquante. Les mesures proposées, si elles s’inscrivent dans l’air du temps en proposant plus de nouvelles technologies aux enseignants (tableaux interactifs et ordinateurs portatifs) et l’anglais intensif au primaire, ne sont pas encore raccordées à un plan d’implantation plus large. La technologie est certainement captivante pour les jeunes, mais son utilisation est-elle suffisante pour les garder à l’école? J’ai suivi les réactions et j’ai échangé à ce propos avec Nathalie, une amie, prof de français qui s’intéresse aux nouvelles technologies et travaille déjà sur des façons de les intégrer à sa pratique.

Un ordinateur portatif par enseignant et un tableau blanc interactif dans les classes.

Qui pourrait être contre une telle mesure? En fait, à titre d’outil de travail, beaucoup d’employés de l’État (dont les procureurs de la Couronne) devraient avoir droit à un ordinateur portatif, surtout si leur travail demande qu’ils se déplacent au quotidien d’un lieu à l’autre. Mais comme me le rappelait Nathalie, il faut aussi s’assurer que la configuration des ordinateurs conviendra aux enseignants et à leur pratique, sinon il n’est pas garanti que les ordinateurs serviront en classe.

Quant aux tableaux blancs interactifs, la même question se pose : seront-ils intégrés aisément à la pratique actuelle? Ils sont déjà en usage dans certaines écoles et là, les profs constatent que le TBI c’est bien, mais que le logiciel en usage y est pour beaucoup dans l’utilisation qu’en feront les professeurs. Et si l’on se sert du TBI de la même façon qu’on utilisait le tableau vert (soit pour écrire et corriger des données), peut-on présumer que cela impressionnera les étudiants? Il faudra donc réfléchir et planifier l’intégration des nouvelles technologies en classe et suivre le dossier.

Par exemple, en 2005-2006, il y avait déjà des ordinateurs dans 90 % des locaux d’enseignement de la Cité collégiale d’Ottawa. Pourtant, tous les professeurs ne les utilisaient pas encore, ce, malgré les rencontres prévues à cet effet au début de chaque session. Ce ne sont donc pas une formation de quelques heures (surtout pour les professeurs moins avancés en techno) et une tape sur l’épaule qui permettront de développer des pratiques intéressantes.

Baisser son taux de décrochage de 10 % grâce aux TIC ? Vous êtes sceptiques?

C’est pourtant ce qui est arrivé à la commission scolaire Eastern Towships, comme on le relatait dans le Soleil, où le taux de décrochage a baissé avec l’arrivée des TIC en classe, (on a doté les étudiants et les profs d’ordinateur portatifs). Devant ce succès, les spécialistes de la question consentent que ce n’est pas l’usage seul de la technologie qui diminue le taux de décrochage :

Dans cette commission scolaire, la très grande majorité des enseignants sont favorables à l’utilisation des portables en classe. Mais il y a plus : selon l’évaluation de M. Karsenti, «dans ces écoles, 95 % des enseignants semblent être des champions de l’utilisation des nouvelles technologies», ce qui est beaucoup plus que ce qu’on retrouve dans les autres commissions scolaires. Parallèlement à l’achat d’ordinateurs, la commission scolaire a d’ailleurs mis en place un programme de formation pour les enseignants. Les deux ingrédients-clés de la recette miracle reposent sur le travail des profs et le potentiel de la machine, avance M. Karsenti.

Donc, ne nous leurrons pas, ce qui prévient le décrochage ce n’est pas l’équipement technologique, mais ce qu’on en fera. Comme mon amie enseignante me disait, un ordi par prof c’est très bien, mais pour attaquer un problème aussi complexe que le décrochage scolaire, « il faut un changement de paradigme et les ressources qui vont avec. Et ça ne coûte pas tant que ça, en tout cas moins que des TBI et des portables pour tous, ce qui fera la différence me dit-elle, c’est la volonté de changement, pas la quincaillerie dont on équipera les classes ou les profs».

Passer d’un type de tableau à un autre, c’est une évolution souhaitable, s’assurer que notre jeunesse voit l’importance d’obtenir son diplôme, c’est un projet de société qui se passe dans les classes et à l’extérieur…

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Les chiffres relatifs au décrochage…

Dans un article de la PC, parut dans le Devoir 2009, on commentait les chiffres de Statistique Canada en titrant Le décrochage scolaire a augmenté au Québec sous les libéraux :

En 2000, 26 % des jeunes du secondaire du réseau public quittaient l’école sans diplôme. L’an dernier, c’était le cas pour près de 29 % d’entre eux.  Chez les garçons, le constat d’échec est encore plus troublant: un sur trois — plus de 35 % — fait l’école buissonnière.  En milieu défavorisé, c’est encore pire. Si à Westmount, seulement 6 % des jeunes décrochent, dans des quartiers comme Pointe-Saint-Charles ou Parc-Extension, à Montréal, la proportion dépasse les 40 %, indiquent les statistiques officielles.

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Autres sources :

Le collègue de V à la chronique techno, Jean-Michel Vanasse, se prononce tout à fait pour sur le blogue MSN.CA

Discours inaugural : les 5 priorités de Jean Charest.

Bruno de Vauchelle au sujet du TBI

L’utilisation du TBI

Engagement des jeunes: “la technologie seule n’est pas une motivation suffisante”, un peu de sagesse de David Buckingham

Le programme « Garçons branchés » porte fruit

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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