Des millions de jeunes de moins de 13 ans sur Facebook

Vous savez avec qui joue votre enfant, mais en ligne, connaissez-vous ses amis... Photo : Nevit Dilmen (Own Work)

Sacré Facebook, le bar des réseaux sociaux pourrait-on dire à la blague. D’abord si vous ne le saviez pas, Facebook exige que ses membres aient au moins 13 ans pour s’inscrire au réseau. Exiger est un bien fort mot, puisqu’aucune mesure n’est réellement prise pour empêcher un enfant de 9 ans de choisir 1998, plutôt que 2001 comme année de naissance. Selon le numéro de juin du Consumer Reports magazine, ils seraient quelque 7,5 millions à s’inscrire avant l’âge requis.

«Jouer» sur l’ordinateur
C’est souvent ce qu’on entend, quand un enfant explore le Web à partir de l’ordinateur familial ou de son portable ou de son iPod Touch, une réalité que nous voyions de plus en plus. Pourtant quand un enfant de 8 ou 9 ans joue au parc avec des amis, ses parents tâcheront habituellement de savoir qui sont lesdits amis et s’assurera à chaque jour que sa progéniture a bien mémorisé les consignes quant aux adultes qui pourraient l’aborder. Ces mêmes règles devraient aussi s’appliquer aux réseaux sociaux et au Web, mais souvent ce n’est pas le cas. Les conséquences, comme le rapporte le Consumer Reports sont alarmantes, car l’an dernier seulement, de ce 7,5 millions de moins de 13 ans qui hantent Facebook, un million a été victime d’intimidation ou de harcèlement…

Dans une école près de chez vous…
Au Québec, l’agent sociocommunautaire Normand Séguin fait de sensibilisation auprès des écoliers du primaire et racontait-il à un journaliste de l’Informateur de Rivière-des-Prairies, ce sont 60 % des écoliers de quatrième année primaire qui auraient un profil sur Facebook. En quatrième année on a normalement 9 ans… On peut aussi s’imaginer comme il est facile pour un prédateur sexuel de s’inventer un profil séduisant pour une jeune fille ou un jeune garçon et de gagner sa confiance. Normand Séguin sonde les écoliers qu’il rencontre et leur nombre d’amis varie entre quelques dizaines et quelques centaines. Il est donc possible que sur ce nombre plusieurs profils soient faux et aient été créés dans le but d’appâter des enfants ou encore de dissimuler la réelle identité d’un cyberintimidateur.

L’éducation numérique à l’école et à la maison…
Quand le jeune ontarien Ron Kenkel a publié sa vidéo francophobe sur YouTube (qui est un réseau social aussi), ses parents étaient loin de se douter d’abord, qu’il allait répandre de pareils propos sur le Net et, d’autre part que sa tirade deviendrait virale et qu’en réponse des internautes allaient révéler ses coordonnées. Ron a retiré sa vidéo et présenté ses excuses, mais il apprend en ce moment même qu’il est plus facile de réfléchir avant de publier que de contrôler le déferlement subséquent, car sa vidéo continue de se propager… On peut encore la voir en suivant ce lien, Ron Kenkel un vrai redneck, (elle est ainsi titrée). Que peuvent faire les parents? Il y a une éducation à faire comme dans tous les domaines. Dans le cas des enfants sur Facebook, Consumer Reports et les organismes de sensibilisation s’entendent qu’être amis avec notre enfant sur le réseau peut prévenir quelques problèmes et ainsi vous pourrez à l’occasion intervenir avant qu’une situation ne s’envenime. Se familiariser avec la technologie n’est pas une mauvaise idée, car il y a des parents qui sont surpris de constater que leur enfant peut utiliser la webcam de l’ordinateur familial pour produire des vidéos ou encore se mettre en ligne en direct (diffusion live sur le Web).

L’école a bien évidemment un rôle à jouer aussi, car les natifs numériques utiliseront le Web et les réseaux comme outils de travail et le marché compte sur eux pour apporter ce naturel ou cette connaissance organique des médias, mais il faut donc qu’elle soit encadrée comme tout autre qualité professionnelle qu’on développe.

Ressources et autres billets sur le sujet
Un prédateur sexuel qui menaçait les jeunes filles sur le Web

Consumer Reports magazine, Facebook concerns

Réseaux sociaux, explosion de l’usurpation d’identité

Apprendre la vie numérique sur le tas… Le cas de Ron Kenkel par Sandra Bellefoy

Deux billets de mon blogue qui sont complémentaires : Le bullying social ou cyberbullying sur les réseaux sociaux et Les médias sociaux à l’école : interdire ou éduquer?

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Photo : By Nevit Dilmen (Own work)

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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8 réflexions sur « Des millions de jeunes de moins de 13 ans sur Facebook »

  1. Mon beau-fils a 9 ans et il me demande de lui faire une page facebook… Je lui réponds qu’il aura une page Facebook quand il sera capable de s’en faire une lui-même.

    Ce qui m’étonne dans tout ça, c’est que les jeunes de moins de 12, 13 ou 14 ans ne font strictement rien sur Facebook, enfin, si je me fie à mon expérience de mère d’une adolescente qui a 122 amis par mois à la maison, amis que j’ai vus évoluer depuis qu’ils ont 6 ans.

    Avant 12 ans, Facebook n’a aucun intérêt pour eux. (De la même manière que Twitter ne les intéresse pas avant 16 ou 17 ans). S’ils y vont, ce sera pour jouer à un jeu, ou pour le petit clavardage au bas de l’écran. Ils n’auraient qu’à aller sur des sites de jeux, ou à continuer à clavarder sur MSN…

    Je crois que les jeunes qui ont un compte facebook à 9 ou 10 ans ont vu ce compte créé par un de leur parents. C’est prendre un risque inutile.

  2. Véro : Il est certain qu’il y a des jeunes qui reçoivent l’aide des adultes, mais il y a aussi des jeunes de 9 ans qui sont capables de démarrer un blogue sans l’aide des parents. La fille d’une amie bloguait à 11 ans, sans l’aide de ses parents et peut me reprogrammer le iPhone en moins de deux.

    Il y a quelques années, une collègue m’avait raconté qu’elle avait supris son fils de 11 ans avait aux commandes d’un compte MySpace sous une fausse identité et elle n’avait aucune idée comment tout cela fonctionnait… Il est fort possible que parmi nos 7,5 millions de moins de 13 ans, il y en ait une bonne proportion qui est capable de s’inscrire tout seul sur les réseaux.

  3. Et Twitter, je n’en ai pas parlé, car ça ne semble pas intéresser les adolescents…

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