Le maire et sa ville rapaillée…

Le CV de Clotaire Rapaille serait mi-faux, mi-vrai? Je ris, car bien des firmes vedettes en communications ou marketing et leurs leaders doivent aussi embellir leurs réalisations. Rapaille le fait avec un panache qui touche la fabulation, mais il semble que dans notre monde de réseaux et relations publiques en ligne, l’adage a beau mentir qui vient de loin ne fait plus long feu…

Samedi et dimanche, sur Facebook et Twitter, les révélations sur M. Rapaille animaient les conversations. Mais cette histoire de CV ou de réalisations, est-ce vraiment là que le bât blesse ? Je ne le crois pas. Je viens de Québec, j’aime la ville, mais je la vois maintenant avec un certain recul. Par exemple, je suis surprise de voir son centre historique de plus en plus touristique, pas assez piétonnier et son centre commercial (dit le Nouvo St-Roch) déserté, malgré les efforts de l’administration en place. Les boutiques chics de la rue Saint-Joseph (du côté Est nouvellement dégagé du feu Mail St-Roch) sont presque toute fermées ou en voie de l’être… Du côté Ouest, ça se maintient, Le comptoir du livre, le resto Le cloché penché et le Cercle semblent fréquentés et animés. Mais l’activité à l’Ouest est moins artificielle, elle s’est construite en harmonie avec la lente revitalisation d’un quartier.

Le PT Cruiser, dont le "succès" est associé à M. Rapaille et qui montre bien que le cerveau reptilien sert à faire acheter des chars pas vraiment beaux, pas très performants et pas pratiques non plus. J'en veux un.

Le maire qui doit en savoir plus que moi sur ce qui se trame côté fermeture et désaffection se démène pour faire bouger sa ville. Il est arrivé en période faste, celle du 400e, tout allait sur des roulettes et le fric sortait à pleines portes sans qu’on discute trop… On fêtait. L’été dernier était moins animé, mais soit… Le maire Labeaume s’est mis en tête de ramener plus de monde à Québec en confiant une opération de branding à un expert.

Il y a une réflexion à faire à Québec. Une réflexion sur ce qui fait que les gens qui y ont élu domicile, comme ceux qui ont choisi d’y rester par beau temps et mauvais temps, aiment vivre à Québec. Québec n’est ni le petit havre tranquille de fonctionnaires en fin de parcours, ni le giron exclusif d’une brochette d’animateurs radio – souvent originaire des villes des environs – qui donnent à la radio de Québec son sceau trash.

Ce qu’il y a de bien à Québec, c’est la possibilité de vivre en campagne à 20 minutes du centre ville ou de vivre l’urbanité sans trop de stress, de jouir de la beauté d’une ville patrimoniale à dimension humaine, sise à l’embouchure du Fleuve… Mais il faut parfois prendre du recul et vivre ailleurs pour voir ce qui est exceptionnel chez soi. À ce compte, un faiseur d’image originaire de Québec, mais avec une expérience internationale, aurait conseillé le maire avec moins d’ostentation et de retournements dramatiques.

Mais il est dramatique le maire de Québec, il est tout feu tout flamme! Et parfois quand on joue avec le feu, on se brûle un peu et certains diraient qu’il n’y a pas de fumiste sans feu

Si vous voulez vous amuser, cherchez sado-maso et Québec, vous trouverez tous les articles reliés à la conférence de presse de monsieur Rapaille… Tout un branding!

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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10 réflexions sur « Le maire et sa ville rapaillée… »

  1. Bonjour Nadia,

    Que veux tu dire par moins d’ostentation et de retournement… Je n’ai pas suivi le dossier. J’ai su que Rapaille avait donné une conférence, mais pas vraiment la suite. Je ne comprends pas très bien ton article, tu veux dire quoi exactement? Désolée c’est peut-être par ce que je suis loin!

  2. Tu peux suivre les liens pour comprendre plus… Mais disons qu’on a fait grands frais de la présence de M. Rapaille et la conférence de presse a été assez médiatisée, d’où l’ostentatoire. De la dite conférence de presse, ce que les médias ont retenu, parce que Rapaille l’appuyait fort, c’est que les gens de Québec sont des névrosé, sado-maso, remplis d’insécurités qui aiment la radio-poubelle. Il voulait faire un coup d’éclat, mais avec le Web, ces mots sont maintenant associés à Québec, donc le « brand ». Le week-end dernier, retournement dramatique, le héros Rapaille a été sous la loupe des journalistes qui ont mené l’enquête et dévoilé que le chercheur vedette n’avait pas toutes les qualités et les réalisations dont il se vante.

  3. ouf… c’est vrai que de suivre un peu de loin sur facebook ce qui se passe est efficace, mais, il faut croire que c’a ses limites. Je viens juste de commencer à comprendre ce que toute cette « Rapaille » signifie. Donc je résume. Si je comprends bien, là les gens sont fâchés contre le maire pour avoir payé un Français mythomane avec le syndrome du Doc Mailloux pour donner son opinion sur la ville. Bordel!! C’est moi qui vit maintenant au aux USA qu’il aurait dû payer. J’aurais eu des choses bien plus pertinentes à dire sur la belle Québec. Sinon, bien c’est une situation ridicule qui me donnerai presque le goût de rire. Si j’avais à me vanter de quelque chose ça serait pas d’avoir été à l’origine du PT Cruiser, j’ai presque le goût de le croire pour celle-là.

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  6. Au début, le prix faisait sourciller, mais on laissait la chance au coureur, puisque le monsieur a une réputation et des théories publiées. Bien évidemment, le fait que ce soit un expert français, maintenant Américain qui vienne analyser Québec faisait grogner nos experts locaux. Lorsqu’il a commencé a livrer ses premiers constats et à lancer des diagnostiques cocasses, certains journalistes ont décidé d’enquêter.

  7. Je pense que toutes les idées sont bonnes. Les gens de la ville de Québec n’ont peut-être pas assez d’ouverture d’esprit pour entendre des nouvelles choses. Le syndrome petit village… Je trouve cela bien dommage que la ville recule à son sujet(le fait de casser son contrat). J’aurais été très curieuse de lire ses recommandations et de connaître les conclusions… Personnellement je le trouve fascinant ce Monsieur Rapaille! Je dois bien être la seule à penser cela.

  8. Sam – oui, Québec a visé gros, puis à eu peur… La mauvaise idée était peut-être de faire une conférence de presse au beau milieu du processus, ce qui a fait que les données intermédiaires se sont retrouvées partout, plutôt que les solutions et les constats finaux. Le branding de ville n’est pas sa spécialité, les anthropologues en marketing font souvent plus de la recherche pour identifier les réactions et motivations des consommateurs. Rapaille est une vedette en marketing, à cause de ses écrits et des conseils qu’il donne à des firmes privées. Pour que ça marche, il aurait fallu bien orienter le mandat et contrôler la communication en cours de route. Il laisse la recherche en cours comme il a été payé pour la moitié.

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