Conflit étudiant : Appeler au calme et à la stratégie à long terme.

Sans commentaire. By Sebastian Ritter (Rise0011), via Wikimedia Commons

Ce matin, les perturbations économiques avaient repris au centre-ville… La grogne des citoyens aussi. Si je suis prête à m’insurger contre l’utilisation des projectiles de plastique faits pour blesser sérieusement sans tuer, il faut justement rester réaliste et ne pas inciter au soulèvement inutile. Et c’est ce qui m’agace à ce point du conflit : plutôt que d’assister les étudiants dans une stratégie gagnante pour eux, il semble que plusieurs joueurs, revivant leur jeunesse le temps d’un printemps, les incitent via les réseaux sociaux à l’action désespérée… Cette grève nous préoccupe tous, mais elle est celle des étudiants. Je me permets néanmoins de les appeler au calme, car mon expérience me dit qu’un changement de société se fait sur plusieurs années et l’étape actuelle vient de se clore, il faut passer à la suivante.

La guerre des intentions et du qui dirige vraiment…

Au-delà de la revendication du gel des droits de scolarité, c’est maintenant une guerre des intentions qui se joue. La confiance et la présomption de bonne foi ne sont plus là. Donc, cette entente, signée par toutes les parties en cause, a été ruinée, d’abord par cette présomption de mauvaise foi, puis par des communications triomphalistes avant l’heure. Cela a irrité les représentants des associations étudiantes qui mesuraient leurs pertes et tâchaient de rester convaincus de leurs gains. Le résultat? L’entente a été rejetée par presque tous. On peut critiquer le temps de réaction du gouvernement dans ce conflit, je ne me prive pas de le faire, mais, il demeure un fait : un gouvernement élu apporte une vision de la gestion des fonds publics et si nous ne sommes pas en accord avec ses choix, l’étape suivante est de se mobiliser pour voter autrement.

Cette grève étudiante dont vous êtes le héros

Dans ce conflit, via nos publications sur les réseaux sociaux, nous sommes tous devenus porte-étendard d’une position verte ou rouge. Si la mienne est rouge, cette grève est celle des étudiants, c’est leur apprentissage de la vie.  Or, d’ici la prochaine élection, il ne faudrait pas sacrifier cette cohorte pour que tout un chacun puisse vivre son rêve de revanche contre le système. Car c’est ce qui m’agace dans tout cela. Plus le temps passe et plus il s’élève de voix (principalement via les réseaux sociaux) qui incitent les étudiants à ne pas baisser la tête, à continuer la lutte. Or, ces meneurs de claques ne fréquentent plus les bancs d’école depuis un certain temps. J’éprouve donc un malaise devant leur entrain à envoyer cette jeunesse dans la rue et à lui suggérer de sacrifier sa session ou de mettre en jeu sa sécurité pour le bien commun.

Les droits de scolarité

Je ne me suis pas prononcée sur cette question tout au long des longues semaines de la grève, car même si je crois profondément que ce débat n’a rien à voir avec qui paie quoi, mais bien avec un choix de société, il me semble acceptable d’indexer au coût de la vie les droits de scolarité. Cela signifie donc, à peu près, 2 % de hausse  par année. Si on y appliquait un certain rattrapage, il faudrait décider d’un pourcentage et disons-le, mais ce 75 % déterminé pour combler un manque présumé, n’a pas de sens dans le contexte où des frais afférents sont appliqués partout. L’idéal aurait donc été une proposition avec un pourcentage de rattrapage moins élevé et une indexation suivant la fin du rattrapage, cela tout en analysant les frais afférents.

À chacun ses forces

Comme je disais plus tôt, malgré ma grande sympathie pour les étudiants en grève, je ne me suis pas mise à jouer le jeu de lancer mes propositions dans l’espace social. À ce point, ce n’est pas à moi où à d’autres ex-jeunes d’exhorter les étudiants à ne pas accepter la présente offre ou à continuer la lutte. Les étudiants ont l’énergie de leur âge, les plus expérimentés devraient leur apporter la sagesse et la stratégie. Nous avons appris d’eux et de leur détermination au cours des dernières semaines, il est peut-être temps de leur retourner l’ascenseur et d’en appeler au calme et à la stratégie à moyen et long terme.

 

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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6 réflexions sur « Conflit étudiant : Appeler au calme et à la stratégie à long terme. »

  1. Intéressant, mais j’aimerais que vous en donniez en exemple, des stratégies à long terme. Voter autrement, c’est votre seule suggestion? Attendre et regarder sans rien faire les dégâts et injustices que ce gouvernement fait? Se fermer les yeux et prier qu’ils consentent à des élections, sans manifester ni désaccord, ni frustration? Hum… Pas facile…

  2. Des exemples : Revenir en force après les élections pour obtenir des résultats de ce comité, demander la tenue d’une commission sur l’accessibilité, étudier le statut des enseignants primaires et secondaires qui payeront plus, n’auront pas de jobs avant 10 ans et abandonneront le métier, alors qu’ils sont indispensables… Penser à des frais variables selon le coût de la formation (les études en philo coûteront moins cher qu’en dentisterie). Ce gouvernement continuera de mener ce conflit comme il l’a fait jusqu’à maintenant et les dégâts se multiplieront. Envoyer encore les jeunes au front pour une société frustrée ne me parait pas plus juste, je ne peux pas être d’accord.

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