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Le plagiat des Intouchables ou Marie-Pier l’immortelle

Ça va mal pour Brûlé des Intouchables et la famille de la petite plagiaire. Au départ, on croyait le roman publié en 5000 copies inspiré du scénario de Highlander, mais la chose se corse. La jeune Marie-Pier Côté aurait plagié littéralement la fanfiction de Frédéric Jeorge publiée sur le Net. Jeorge est un fan de Highlander et donne ses sources d’inspiration sur sa page Web. Il livre par ailleurs ses impressions sur l’affaire dans un article de La Presse.

Quand je pense au film Highlander, je pense toujours aussi au roman de Simone de Beauvoir, Tous les hommes sont mortels: même thème dans les deux, un peu moins d’action dans le second, mais plus de considérations philosophiques sur la durée de la vie. Qu’une adolescente choisisse ce thème est normal; que personne ne fasse une petite recherche avant de publier son roman peut étonner. Après tout, si les adultes sont responsables de ce qu’ils publient, les enfants n’ont sûrement pas la même compréhension du droit d’auteur.

En voyant la photo de la jeune fille à la télé, j’ai ressenti un malaise. Son rêve de popularité vient de s’écrouler. Comment a-t-on pu en arriver là? Puis, je me suis rappelé qu’à onze ans, une copine et moi avions gagné un concours d’histoires illustrées dans notre classe. Mes parents ont dit bravo et nous sommes probablement allés manger un spaghetti au restaurant. La mère de ma copine a pris cela au sérieux et s’est mise en tête de faire d’elle une jeune écrivaine. Elle lui faisait écrire deux pages chaque soir et la motivait tous les jours. « Garde ton rêve, disait-elle, un écrivain ça travaille! » Je trouvais ma famille bien simpliste avec son spag… Ma copine elle, s’embarrait dans sa chambre et travaillait. Ah! si seulement Internet avait alors existé. Parce que devinez quoi? Ça n’a pas marché. Faute de divertissements technologiques, quelques mois plus tard, ma copine a découvert les gars et le rêve s’est évanoui.

En 2007, une fille de douze ans écrit un récit fantastique qui fait référence à des notions d’informatique avancées et utilise un vocabulaire plutôt savant et tout le monde se réjouit et personne ne se questionne. Qui est responsable? Les parents, l’éditeur? Je dirais les adultes autour de l’enfant. Je dis cela, en repensant à ma copine qui ne sortait jouer qu’un soir sur deux pour écrire son « roman ».

Comme enseignant, on se bat souvent pour inculquer une certaine éthique à nos jeunes «apprenants ». Pas facile, quand dans le monde du travail le « copier-coller » fait fureur ce qui diminue notre jugement en nous laissant croire qu’on peut copier n’importe quoi, voire n’importe qui. Au collège, il n’était pas question que mes étudiants me remettent un essai plagié. Or, lorsque je corrigeais, si le texte d’un étudiant détonnait, je « googlais » un ensemble de mots. Il m’est arrivé de retrouver sur Internet des passages complets, lorsque ce n’était pas le texte intégral d’un étudiant. De toute évidence, le site en question n’était pas mentionné dans la section « bibliographie et références »!

Ce qui est réellement désolant, c’est que les quelques étudiants ainsi piégés étaient presque toujours surpris, car ils ne voyaient pas la différence entre citer un texte pour appuyer un point de vue et copier des passages complets en changeant un mot ici ou là, pour (à leur avis) éviter le plagiat.

Toute chose considérée, la petite Marie-Pier, quoique plus jeune que mes étudiants, devait bien se douter que de copier un texte pris sur Internet n’était pas tout à fait honnête. On lui aurait souhaité d’apprendre le prix du plagiat sur les bancs d’école. Tiens, je vais aller « googler » le nom de ma copine de cinquième année pour voir si sa mère lui a fait reprendre son roman!

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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2 réflexions sur « Le plagiat des Intouchables ou Marie-Pier l’immortelle »

  1. Et dire que les adultes devraient protéger les enfants… Ça laisse songeur. Qu’on demande de l’argent à la famille bousille la vie de la petite encore plus. Si c’est possible. Est-ce que tu la vois remettre un travail au Cégep sans que les profs controlent de A à Z? À l’université? Si elle veut vivre en paix elle est quasiment mieux de changer de pays ou de devenir coiffeuse. Maudite ambition : de l’éditeur de faire une piasse ou deux avec un petit génie, des parents la gloire d’avoir elevé ledit génie et la petite Marie-Pier? Pourquoi elle a fait ça? Pour impressionner qui? J’espère que ce n’est pas pour se faire aimer par ses parents. Parce que … ça a pas l’air d’avoir marché comme stratégie. Ah que j’ai hâte que l’humanité se calme et que les flos peuvent vivre une vie de … flo!

  2. C’est exactement ce à quoi je pensais. La petite est maintenant célèbre pour une bien triste raison et cela la suivra toute sa vie. À moins qu’elle change son nom ou comme tu le dis devienne coiffeuse. Cette histoire me rappelle aussi celle d’une fillette de huit ans à qui son père avait décidé de faire faire le tour du monde aux commandes d’un avion pour établir un record Guiness. Ils se sont plantés et sont morts. C’était le rêve de qui? Pour certains les enfants sont comme les gros chars : une façon de se distinger et d’offrir au monde une image de sa grandeur.

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