La consultation Gautrin sur le Web 2.0 – réflexion…

Dois-je le dire mais l'usage de messages vidéos est de plus en plus crucial pour une communication près des gens.

Selon une lettre communiquée par Henri-François Gautrin lui-même à Lyne Robichaud, le député de Verdun et leader parlementaire adjoint du gouvernement a été mandaté en octobre 2010, par le PM, pour mener une consultation sur les usages possibles du Web 2.0. La consultation s’est mise en place de façon informelle au printemps 2011 et depuis l’été (pour ce que j’en sais) un compte Twitter @gautrinWeb2 ainsi qu’une page Facebook ont été créés pour fins de promotion du site de la consultation. Il y a jusqu’à maintenant une cinquantaine de suggestions sur le site, la page FB compte moins de 100 abonnés et le compte Twitter moins de 300, ce qui est très modeste lorsqu’on veut représenter l’opinion publique. Le rapport devant être présenté à la fin de 2011, il faudra faire bouger les choses.

Le processus politique : sonder, produire un rapport, prendre une décision et donner des orientations. Avant de mettre par écrit toute critique ou de déchirer nos chemises sur la place publique (Twitter et Facebook en 2011), il nous faut prendre en compte que cette consultation est un premier pas du gouvernement. Les cabinets politiques doivent garder un œil sur le processus, s’informer de l’activité autour de ces questions.  Il existe déjà un groupe issu de Yulbiz qui milite pour un plan numérique pour le Québec depuis quelques années déjà. Si je travaillais dans l’entourage de notre premier ministre Jean Charest, je lirais probablement le présent billet et visiterais Twitter à l’occasion. Si j’y pense, il est plus que probable que la chose se fait. Or, quand le rapport de M. Gautrin et son équipe verra le jour, il arrivera dans un contexte qui souhaitons-le, sera positif et montrera l’intérêt des Québécois pour la question. Ensuite, si le rapport montre bien que le gouvernement gagnera beaucoup à bouger dans ce dossier, une décision et des orientations suivront. D’où l’importance de collaborer.

La démarche actuelle : l’initiative vient des utilisateurs… On peut présumer que la démarche actuelle telle qu’expliquée sur le site Consultation publique Web 2.0 permettra de recueillir plusieurs idées d’utilisation pratique des outils Web 2, ce tant pour la rétroaction citoyenne que pour la communication gouvernementale et cela est positif. Si je devais émettre un bémol à cette étape-ci, c’est que même si la consultation est axée sur les utilisateurs en se fondant sur la prémisse que « Un principe fondamental du Web 2.0 est que l’initiative vient de ses utilisateurs », cela n’exclut pas que chaque organisation (le gouvernement aussi) doit avoir ses propres objectifs et visées pour ajouter à ses moyens de communications des outils 2.0.

Outils ou tactiques versus la stratégie englobante. Les utilisateurs ont des objectifs pratiques : des besoins d’information en temps réel, le goût de voter et d’obtenir plus de services en ligne, des désirs de rétroaction efficace… Il faut entendre ces besoins et c’est ce que fait l’actuelle consultation. Or, au-delà des besoins et goûts des citoyens qui souvent touchent les tactiques et les outils qui seront utilisés, les organismes devraient pouvoir énoncer des objectifs de communication, identifier des besoins de rétroaction et appuyer la création d’une ambiance de confiance et de transparence. C’est en gros ce que devrait contenir un plan numérique, soit une stratégie émise par le gouvernement, puis les objectifs spécifiques à chaque secteur et les moyens (donc les tactiques et outils) pour les atteindre. Si l’on s’en tient à l’idée que tout viendra des utilisateurs, c’est comme lancer une invitation à un party et présumer que les invités devront trouver le lieu, le but du party, fournir la bouffe et le transport…

Les pistes pour encadrer la réflexion. Dans une consultation publique, on donne généralement un contexte, on encadre la réflexion et surtout on cherche une rétroaction sur des points précis. Le cadre ici touche les points fondamentaux de la question, soit la transparence, la participation citoyenne et la collaboration interne. Il faut savoir que le gouvernement québécois n’est pas le premier appareil public de grande taille à tenter d’appréhender la question du Web 2 et de la transparence. D’autres administrations le font avec une certaine réussite et des exemples sont cités sur le site. Même le gouvernement canadien a des projets en ce sens et les participants le mentionnent sur le site de la consultation. Ces projets gagneraient à être plus connus et cités en exemple quand on discute des ces questions. Innover, c’est créer, mais on crée à partir d’une matière existante et dans un contexte légal, administratif et sociétal dont il faut tenir compte pour réussir par la suite l’implantation de notre projet. Il faut donc distinguer les outils des stratégies qui seront utilisées.

Il existe des modèles qui marchent et à partir desquels réfléchir… Ceux qui ont observé le modèle Obama (que nous avions détaillé dans Les médias sociaux 101) le savent : il existe déjà des précédents sur la question. Vous pouvez me dire que ce modèle ne vous intéresse pas, mais pour construire une voiture, il reste encore que certains éléments, comme les pneus, le moteur et le volant feront partie de votre projet, même si vous les améliorez… Dans le cas d’Obama, les citoyens avaient été incités à utiliser les structures offertes par l’organisation politique − OFA ou Obama for America, maintenant barackobama.com soit une plateforme WordPress avec BuddyPress, pour organiser l’action militante − puis, une fois l’élection gagnée, la communication s’est scindée en un site partisan et un site gouvernemental, celui de la Maison Blanche, avec bien entendu le site de la fonction publique soit USA.gov. Sur ces sites, les outils sociaux sont bien en vue.

La ville de New York a aussi mis sur pied son plan de consultation et déploiement du Web 2 et des médias sociaux. Pour ce faire, ils ont engagé une cheffe des communications numériques. J’en parlais sur le blogue de 42 :

Ainsi, New York continue son cheminement annoncé en février 2011 dans le Seattle Times, US cities using social media to cull ideas from citizen. Sur leur compte Twitter @311NYC les animateurs sollicitent les suggestions, incitent les citoyens à répondre aussi par SMS. Leur politique d’utilisation des médias sociaux est accessible et les étapes s’enchaînent de l’ouverture des comptes sur les médias à l’amélioration des sites tout se met en place. Et la NYC a engagé une Chef des communications numériques pour encadrer ses activités.

Utiliser le Web 2.0 pour joindre les citoyens là où ils se trouvent, ce n’est pas une question d’applications ou d’idées d’utilisation sur un sujet précis, c’est un projet de société et un fabuleux moyen pour viser plus de transparence…

Commencer où? Présumons que nous travaillons déjà sur une stratégie numérique… Il est bien certain que si je devais donner un conseil à notre gouvernement, je suggèrerais à tire de projet-pilote de webdiffuser en direct les annonces et présences du PM dans certains dossiers stratégiques, car tant qu’à faire ces déplacements, si les médias ne peuvent toujours être au rendez-vous, je prendrais les devant et tiendrais mes citoyens au courant autrement que par un petit communiqué (j’ai la conviction que les Québécois sont plus sur YouTube que sur CNW). Ça sera peut-être un projet pilote ou un pas vers la transparence pour notre gouvernement…

Quelques sources :

Pour voir l’intérêt sur la question du numérique le blogue collaboration Un plan numérique pour le Québec.

US Cities using tech to cull ideas from citizen, dans le Seattle Times.

NY engage une cheffe communications numériques…

Politique d’utilisation des médias sociaux de NY.

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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19 réflexions sur « La consultation Gautrin sur le Web 2.0 – réflexion… »

  1. Ping : Gautrin Web 2.0
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  6. Ping : Mathieu St-Onge
  7. Ping : Nicole Goulet
  8. Ping : Lyne_Robichaud
  9. Ping : fcharles
  10. Arrêtez de rêver !
    Si la démocratie 2.0 voit jamais le jour, cela signifie la disparition des intermédiaires, càd la classe politique (soit-disant) « représentative ».
    Comment pouvez-vous donc espérer un seul instant que ces personnes vont aider, si peu que ce soit, au processus !
    Si ça se fait, ce sera par la base, en démarrant localement, et sans la classe politique et contre la classe politique.
    Si la classe politique intervient ce sera pour s’opposer, pour retarder ou pour noyauter, rien d’autre.
    Pour mémoire, en FRance, cela fait plus de 50 ans que l’ensemble des partis politiques, dans une association sans faille sur ce sujet, bloquent le simple comptage propre des votes blancs ! i.e. le vote des citoyens qui ont l’audace d’afficher leur rejet du système.
    Regardez aussi le précédent de la fissuration du monopole du système médiatique. Rien n’a été fait à l’origine par le système en place … et maintenant ils courent derrière.
    Envisager quoi que ce soit avec les politiques est juste une perte de temps (et à terme une perte d’intégrité).
    Un de mes billets sur le sujet : http://rdlf.fr/?Pas-de-salut-economique-sans
    Bien cordialement

  11. Vincent, heureusement que vous ajoutez « Bien cordialement », car sinon je me serais inquiétée… Je vous remercie de tenter de nous instruire un peu par la promotion de votre billet et de vos idées,j’espère donc en retour que vous avez aussi lu les exemples américains cités plus haut. Car, malgré le fait que les Québécois parlent français, leur organisation tient plus de leur américanité que de leurs vieilles racines de France.

    Et oui, connaissant le processus politique et médiatique du Québec, ce ballon d’essai est la première étape pour créer une plus grande ouverture. De plus, les initiatives gouvernementales n’empêchent nullement les citoyens de continuer à développer leurs réseaux en marge.

    Cordialement, Nadia.

  12. Ping : Nadia Seraiocco
  13. Ping : Steve Boudrias
  14. Bonjour Nadia,

    À la lecture de ta proposition (un «projet-pilote de webdiffuser en direct les annonces et présences du PM dans certains dossiers stratégiques»), je te trouve extrêmement peu ambitieuse. Je ne dis pas que c’est une mauvaise proposition mais je trouve qu’on pourrait aller *tellement* plus loin!

    MS

  15. Cher Marc, donnerais-tu toute ta proposition ici… Moi, j’essaye de m’en abstenir ;-))

  16. 1. La webdiffusion mais avec commentaires en direct (comme justin.tv ou ustream.tv).
    2. Des données ouvertes qui respectent les principes de la Sunlight Foundation: http://sunlightfoundation.com/policy/documents/ten-open-data-principles/
    3. Un site internet convivial et alimenté par le comportement des utilisateurs: http://www.utah.gov/
    4. Des demandes d’accès à l’information sur internet (Savais-tu qu’il fallait «maller» une lettre? Oui oui avec un timbre et tout: http://www.gouv.qc.ca/portail/quebec/servicesquebec/accesinformation/?lang=fr).
    5. Des comptes Twitter qui interagissent avec leurs abonnés et qui répondent aux questions: http://www.emarketer.com/Article.aspx?R=1008440

    Et bien plus encore…

  17. Ping : Nicole Goulet

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