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Grève étudiante : le long apprentissage de la politique

Ha ! La grève des étudiants ! Ce qu’il y a de fascinant dans ce conflit qui s’étire, c’est que le mouvement politique étudiant, censé être constitué de jeunes apprentis politiciens, fait preuve d’une science qui échappe au gouvernement du Québec. Avez-vous remarqué l’habileté avec laquelle nos jeunes militants retiennent l’attention des médias ? Pier-André Bouchard, 25 ans, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec est apparu dans les médias presque tous les jours depuis le début de la grève. S’il avait n’avait fait que répéter, « rendez-nous nos 103 M $ ! », comme un unique message simpliste, les journalistes se seraient fatigués assez vite de la FEUQ. Non, non, chaque sortie mettait en lumière un angle nouveau du problème et démontrait la nécessité de reconduire le 103 M $ en entièreté. Outre, les affiches, la déclinaison du message de base et les publicités, ils ont vraiment mis en application tous les trucs du métier – rappelez-vous la conférence de presse avec démonstration de calcul, c’était plutôt habile. Pendant ce temps, le ministre Fournier faisait quelques faibles déclarations et ne se montrait capable d’affirmer avec fermeté ni les conséquences de cette grève pour les étudiants, ni la pertinence des offres de la partie gouvernementale ou même de faire preuve de leadership dans cette affaire. Notre Governement, celui-là même qui se disait « prêt, prêt, prêt », est même incapable de prendre en main les communications dans un tel dossier.

Tant de choses échappent à la gouvernance actuelle, que ce sont les étudiants eux-mêmes qui rappellent à la population, par l’entremise des médias, les conséquences de la grève. Qui remplacera les infirmières du réseau de la santé lors des prochaines vacances d’été, si les étudiants de ce domaine ne sont pas prêts ? Deux étudiantes en science infirmière vous en parle, pendant que le Ministre fait « euhh… ». Comment les cégeps feront-ils pour accueillir une nouvelle cohorte d’étudiants du secondaire, si les élèves sortants doivent tous faire une session supplémentaire ? Les responsables des associations étudiantes soulèvent la question pendant que le Ministre fait… On répond tous en cœur, « euhhh… ». Ça va, vous avez compris, vous aussi, vous êtes prêts.

Or, si je me permets de chanter les louanges de ces jeunes politiciens qui, de toute évidence, ont fait leurs classes et comprennent comment passer leur message, j’avoue que je suis sans mots devant le gouvernement au pouvoir, qui après deux années en place, ne comprend toujours pas les mécanismes de l’appareil qu’il dirige. Rassurons-nous, ils pourront toujours engager Pier-André ou un des collègues pour se faire conseiller, ils semblent en avoir grandement besoin. Il faut croire que les politiciens ne sont pas comme les bons vins…

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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Une réflexion sur « Grève étudiante : le long apprentissage de la politique »

  1. Québec: Un étudiant du Cegep de Limoilou a soulevé un débat en demandant un vote secret sur le recours à la grève. L’association étudiante a réglé la question par un vote à main levée.

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