Avant de prendre nos résolutions pour la nouvelle année et délire un nouveau gouvernement pour le Canada, il faudrait peut-être que nous réfléchissions à ce que diriger veut dire. En cette ère dimage où tout se passe comme si limportant était la perception immédiate quont les citoyens via les médias des actions dun politicien. Mais à force de les voir trop sexcuser le compte rendu dAntoine Robitaille du Devoir à ce propos est éloquent -, jen viens à me demander si nos politiciens sont désormais plus préoccupés de raccommoder leur image que de diriger vraiment les destinées dun état. Robitaille remarque que pour les conseillers en communication qui oeuvrent en politique, le remords semble une stratégie (j’ajouterais à court terme) payante…
Cela dit, s’excuser efface un malaise passager, mais prendre le leadership dune ville, dune province ou dun pays, impose parfois des choix difficiles qui ne seront pas appréciés de tous. Comment promettre aux uns des baisses dimpôts et aux autres une augmentation des services? On ne peut plaire à tout le monde. Comme leader il faut souvent décider et imposer notre vision. Et cest là que la communication devient cruciale : elle sert à expliquer des décisions difficiles à justifier et des points de vue qui peuvent déplaire, mais qui sinscrivent dans la vision à moyen et à long terme dun chef quune majorité a élu.
Dans le texte intitulé, « Diriger sans sexcuser » Roland Arpin (premier directeur du Musée de la civilisation) explique que, « Quand les gens comprennent clairement la vision qui sous-tend toutes les actions de lentreprise, ils sont prêts à endosser des modes de fonctionnement qui peuvent avoir été décidés par dautres, ils sont prêts à accorder du crédit aux décisions parfois difficiles qui sont prises, ils sont prêts, en un mot, à reconnaître au dirigeant la légitimité de son action ». Cela est aussi valable en politique. En ménageant la chèvre et le chou, en sexcusant trop souvent, on obtient un leadership faible et des décisions noyées dans le consensus. Ce qui, à mon avis, ne peut mener quà une absence complète de vision pour le développement dune ville, dun état ou dun pays.
Arpin, Roland, Diriger sans s’excuser, Revue Gestion, mai 1994, p.55, repris dans Habiletés de direction 2e édition, 1998.