Le temps des lilas

Sitôt la porte du wagon ouverte, la jeune fille est entrée. Elle a vu la vieille femme noire assise près de la porte qui somnolait, sa main droite fermée serrée sur les tiges d’un bouquet de lilas. L’air lourd et humide, tout empli de cette odeur de métro composée d’un peu de caoutchouc, de pas mal de saleté et du béton ambiant, charriait doucement l’odeur des fleurs. La jeune fille toute pâle et en sueur portait un t-shirt rouge trop serré révélant un abdomen rebondi qui repoussait sans cesse le petit vêtement en lycra qu’elle essayait de recoller à son jeans. Ses cheveux, teints noirs jais, collaient un peu à son front. À chaque minute, elle passait rapidement une main baguée sur son front et sa joue pour éviter que la sueur ne perle trop, ce qui faisait retrousser subito le t-shirt rouge… Puis, la jeune fille s’est mise à regarder la vieille, bouche entrouverte, surprise de ce spectacle. Le métro a ralenti à l’approche d’une autre station, la vieille femme a entrouvert les yeux, lâchant presque son petit bouquet. Elle a regardé autour d’elle, posant ses yeux plissés de sommeil sur la jeune fille qui l’observait, puis elle a resserré ses doigts autour des fleurs et refermé les yeux.

Et moi, plus si jeune et pas encore vieille, je les regardais, émue de cette métaphore printanière.

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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