JERK – horreur et grotesque

Crédit photo : Alain Monot

« Jonathan parle souvent directement au spectateur et les fixe même dans les yeux », ai-je dit à Gisèle Vienne après la conversation publique, lorsque nous fûmes attablées avec des amis dans un bar de mon quartier. « Ah!, fit-elle, tu étais donc sa madame Bishop, il y en a toujours une … » Bon, c’était donc ça, moi et ma face de lune aux yeux tristes, j’avais sans le savoir joué le rôle de l’institutrice pointilleuse qui envoie à David, le personnage de la pièce, la lettre d’un des étudiants. Je vous le dis donc, même si vous n’avez pas une tête à claque ou une face de lune, vous ne pourrez assistez au spectacle Jerk – un texte de Dennis Cooper mis en scène par Gisèle Vienne et interprété par Jonathan Capdevielle – sans vous mouiller un peu.

Cooper, selon son motif habituel, a créé un texte basé sur un fait divers des années « 70 », soit les meurtres sexuels de jeunes hommes par Dean Corll avec l’aide de deux adolescents, Wayne Henley et David Brooks. La pièce met en scène le petit théâtre de marionnette crée par David à la suite d’une thérapie, pour exorciser ses crimes. Les spectateurs ont aussi en main un zine conçu par le personnage et qui lui permet de faire une ellipse en nous proposant de lire les passages qu’il ne souhaite pas mettre en scène.

Seul en scène, Capdevielle saisit les spectateurs en traitant avec la salle comme s’il s’agissait d’une classe, demandant que chacun ouvre son zine et lise. Les spectateurs s’exécutent et les traînards doivent s’interrompe quand David décide de commencer son spectacle. Or, si le récit dans le zine est horrifiant la recréation par des marionnettes aux voix discordantes des scènes de meurtres, de fistfucking et le délire de Dean devient grotesque et porte souvent à rire. Avec une chaise, un ghettoblaster et quelques marionnettes Johnathan Capdevielle captive le public, évoquant la mort, la haine, le sexe, par des onomatopées, pour fermer le récit par un meurtre cacophonique, recréé par ventriloquie…

Je lui ai ensuite demandé s’il était voulu que le spectateur qui subit passivement les récits de meurtres de David, se retrouve tout à coup, lorsqu’il lit le zine, actif, partie prenante de l’action. Pour ma part, lui ai-je dit c’est ce que j’ai ressenti, encore plus voyeur, encore plus près de l’horreur de ces crimes… Est-ce que cet effet était voulu? », aie-demandé à la créatrice. Elle a sourit et m’a répondu, « il y a des hasards, nous ne faisons pas de recherche sur les spectateurs, il y a des choses qui arrivent comme ça…». Plus tard, après quelques verres, quand j’ai quitté Gisèle, Jonathan et leurs copains, j’ai pris bien soin de saluer Jonathan avec un petit ton d’institutrice guindée…

Jusqu’au 20 février au Théâtre La Chapelle

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

Voir tous les articles de Nadia Seraiocco →

5 réflexions sur « JERK – horreur et grotesque »

  1. Ping : Nadia Seraiocco
  2. Ping : Pixelia
  3. Ping : Nadia Seraiocco
  4. Bonjour Nadia,

    Le commentaire n’a aucun rapport avec l’article… c’est juste que j’essai de t’envoyé quelque choses mais je ne trouve pas ton adresse courriel!?

    Je te rajoute le lien pour l’article

    Which Social Platform Works Better For Marketers?

    http://blogs.omniture.com/2010/02/17/which-social-platform-works-better-for-marketers/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed:+omniture/blogs/all+(Omniture:+Industry+Insights)&utm_content=Google+Reader

    Bonne Lecture!

  5. Merci pour ce lien, le tableau est bien fait. Mon adresse de courriel n’est pas sur mon blogue. Cela dit, on peut m’écrire via Facebook ou sur Twitter.

Les commentaires sont fermés.

wpChatIcon