Journée internationale des femmes… Avez-vous des choses à dire?

Le droit de vote a été accordé aux femmes au Québec au début des années « 40 », sous le court règne d’Adélard Godbout.

Si la question de la place accordée aux femmes a commencé à prendre de l’importance avec le mouvement des Suffragettes à la fin du XIXe siècle, des écrits sur les sujet circulaient déjà au XVIIIe siècle, mais le grand changement s’est effectué après la Seconde Guerre et, au Québec, le mouvement des femmes a pris son essor dans les années « 70 ». Les Québécoises avaient à peine acquis le droit de fréquenter les universités et de pratiquer le métier de leur choix que plusieurs filles de tous âges se dissociaient du mot féminisme, qu’elles jugeaient péjoratif.

Étolane et moi, en échangeant sur ce sujet et se relançant quelques questions, avons eu envie d’entendre vos réponses que vous soyez femme ou homme…  Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, que vos opinions. Alors, dites-nous donc :

Quelle résonance a le mot féminisme pour moi?

En 2010, est-il toujours pertinent de parler d’égalité? Faut-il aborder la question autrement?

Nomme trois personnalités féminines qui t’inspirent… et trois femmes autour de toi que tu admires.

Crois-tu que les questions féministes (sur le travail, les rôles dans le couple etc.) doivent évoluer?

Comment les hommes (ou toi si tu es un homme) participent à une plus grande égalité entre hommes et femmes?

Comment vois-tu l’équilibre entre le rôle de femme, la carrière et tout le reste?

Est-ce que pour une mère la décision de se consacrer entièrement son rôle de mère, en mettant parfois le concept de carrière en attente, est en contradiction avec le féminisme?

As-tu l’impression que le femmes sont encore cantonnées dans des rôles socialement acceptables?

Si oui, que ferais-tu pour changer cela?

Le droit de choisir pour une femme, ça représente quoi pour toi?

Vous pouvez choisir de ne répondre qu’à quelques questions, d’en ajouter ou de répondre sur un autre média… Faites-le moi savoir… Le but est tout simplement d’en parler.

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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28 réflexions sur « Journée internationale des femmes… Avez-vous des choses à dire? »

  1. J’ai écrit une réponse, mais c’est trop long pour un commentaire, j’aimerais bien te l,envoyer par courriel c’est possible, ( je m’abonne aussi à tes twitts)

  2. Ping : Nadia Seraiocco
  3. Ping : Cecile Gladel
  4. Ping : Nadia Seraiocco
  5. Ping : Josée Larouche
  6. Mais le but est justement que les gens puissent lire ton commentaire… Tu peux donc le publier ici ou sur ton blogue et je mettrai un hyperlien 🙂

  7. Femme, mère, épouse, amante, business woman, etc… autant de rôles qui sont des construits sociaux, plus ou moins en résonance avec des réalités biologiques.
    Je lisais hier un article, je ne sais plus dans quel journal qui disait que le féminisme s’est développé contre la religion et ce qu’elle véhicule de sexisme.
    La féminité me renvoie à la femme, le féminisme au militantisme !
    Bonne fête !

  8. Bonjour Nadia,

    Je vais essayer de répondre à quelques-unes de tes questions.

    Il y a quelques jours, le Conseil du statut de la femme a cru bon de rappeler, dans un communiqué, quelques statistiques sur la condition féminine. Par exemple, que le revenu moyen d’emploi des femmes au Québec correspond à environ 68 % de celui des hommes, que les familles monoparentales sont majoritairement dirigées par des femmes, que plus de femmes que d’hommes sont victimes d’actes criminels, que les femmes demeurent minoritaires dans les postes décisionnels, etc. Tout cela est tristement vrai.

    Mais il faut souligner que de manière générale, la condition des Québécoises s’améliore sans cesse. Quand on prend un peu de recul (quelques décennies suffisent), on constate aisément que les femmes ont fait d’énormes progrès au Québec. Et ça continue. Je crois que rien ne peut stopper leur progression générale.

    Moi, ce qui me fascine, c’est de constater à quel point le principe d’égalité hommes-femmes obtenu de haute lutte par les féministes a été bien assimilé par les Québécois et Québécoises. Contrairement aux génération précédentes qui pratiquaient la ségrégation des sexes, nous vivons aujourd’hui dans un univers de mixité quasi totale. De nos jours, les hommes et les femmes se côtoient de la pouponnière au salon funéraire. Les hommes et les femmes fréquentent les mêmes écoles mixtes, de la garderie au post-doctorat; les hommes et les femmes fréquentent grosso-modo les mêmes lieux de travail (outre quelques bastions unisexes); les hommes et les femmes fréquentent les mêmes lieux de loisirs et de socialisation (il n’y a presque plus de boys clubs interdits aux femmes); les hommes et les femmes s’habillent souvent de la même manière, avec les mêmes jeans et les mêmes t-shirts; et au Québec, les femmes draguent comme des hommes.

    Au Québec, la vie de couple est basée sur le principe de l’égalité. Monsieur et madame se sont rencontrés dans un contexte de mixité. Ils ont tous les deux faits les mêmes études. Ils sont tous les deux actifs sur le marché du travail. Ils font leurs sorties et loisirs ensemble. Ils partagent les tâches ménagères et familiales (ils ne les partagent pas de manière équitable, 50/50, mais le principe du partage est accepté). En fin de soirée, quand ils sont également crevés, ils s’écrasent tous les deux devant la télé pour regarder les mêmes émissions, puis ils vont se coucher dans le même lit conjugal. Il n’y a presque plus de différence de comportements, de tâches et de responsabilités entre les hommes et les femmes. Monsieur et madame sont égaux. Ils sont semblables, à une exception près : ils n’ont pas les mêmes organes génitaux. Autrement, tout est pareil.

    Et vous savez quoi?

    C’est ennuyant.

    Où est le désir pour l’autre? Il n’y en a plus, sauf le désir sexuel génital. Où est l’intérêt pour ce qui est différent? Pour ce qui nous est caché, interdit, tabou? Il n’y en a presque plus.

    L’égalité homme-femme nous a donné une société plus juste. Mais c’est aussi une société ennuyante. Les hommes et les femmes sont égaux, donc ils s’ennuient.

    Et quand on s’ennuie trop, qu’est-ce qui se passe? On fait l’erreur de tenir l’autre responsable de notre ennui.

    À mon avis, les effets pervers de l’ennui constituent la principale menace qui pèse sur les relations hommes-femmes.

  9. Jean-Sébastien : je pense que côté égalité salariale pour les métiers, il reste encore à faire. Cela dit, ce que tu soulèves c’est cette propension des Québécois à ériger en religion presque tous les principes qui se fondent sur des valeurs qui se rapprochent de l’humanisme. Les accommodements raisonnables? On passe tout droit, on abdique nos propres droits et on n’ose même plus questionner les usages fautifs de l’autre partie. Le féminisme? On oublie ses fondements et on tombe parfois dans le « male bashing »…

    Personnellement tout en constatant, comme Moukmouk, qu’il y a encore des dossiers légaux à régler, je suis pour la valorisation de la différence. Ma façon d’envisager le monde est reliée à ma condition biologique, à ma capacité ou pas d’avoir des enfants à mes saprés hormones 🙂 Il en va de même pour les hommes et comme tu le dis, c’est la curiosité face à la différence qui nous captive.

  10. JS-Marsan–) je ne vois ps en quoi le fait de partager la même aliénation rend égal. Ce qui est ennuyant, c’est que toute notre vie active, le travail prend une si grande place ( autant les femmes que les hommes) qu’il ne nous reste que peu d’énergie pour aimer, découvrir, même partager autre chose que l’immense liste de tâches. C’est la course à la productivité qui est ennuyeuse, qui nous prive du temps de vivre.

    Nadia –) égalité n’a rien à voir avec identité. Le droit de faire tes choix et de vivre ta vie comme tu la veux. Mais ce que je tente de dire c’est qu’il y a trop de tâches, trop de boulot, trop de responsabilités dans l’élevage des petits, pour que ce soit réalisable par deux personnes sans qu’ils ne s’épuisent, se déchirent et souvent cette liste énorme nous force à des choix qui nous font une vie misérable. Je cherche une collectivisation des tâches pour rendre un peu plus de liberté possible pour chacun.

  11. Rebonjour Nadia, bonjour Moukmouk,

    Je voudrais bien conserver ma curiosité face à la différence, mais il y a des jours où je me demande si cette différence existe toujours… L’égalité homme-femme est une excellente valeur, bien sûr, mais il faut voir que nous avons aussi égalisé l’isolement social (hommes et femmes ont les mêmes chances de vivre dans la misère affective et sexuelle) et l’ennui dans le couple (comme je l’expliquais plus haut). Nous avons égalisé les comportements les plus conformistes (pendant que les gars se font allonger le pénis, les femmes se sont poser des implants mammaires). Nous avons égalisé l’obsession pour le travail et la course à la productivité, comme le souligne Moukmouk. Nous sommes en train d’égaliser la consommation de porno (la proportion de femmes qui consomme du matériel XXX augmente) et les stéréotypes sexuels dans les médias (par exemple, il existe maintenant des publicités qui présentent les hommes comme des débiles finis devant des femmes intelligentes, et ces pubs sont aussi stupides que la réclame de bière avec des poupounes en bikini). Comme quoi l’égalité des sexes peut être synonyme de nivellement par le bas.

  12. Même si les deux idées se côtoient dans le paragraphe, je ne confonds pas les deux, mais j’oserais avancé que ma perception de ce qui est égalitaire est teintée par mon identité de femme.

    Cela dit, vous parlez tous les deux d’une aliénation liée au travail, aux valeurs modernes du « plus vite, plus gros » qui affectent de plus en plus de façon égale, hommes et femmes. Dans « The Beauty Myths » Naomi Wolf remarquait que la culture de la perfection physique et de l’hyperperformance avait gagné les hommes gais et s’étendrait bientôt à tous. C’est pas mal fait…

  13. Je suis très heureuse que vous animiez la discussion avec toutes ces questions. Pour ma part, c’est à votre dernière question, le droit de choisir, que je m’intéresse surtout aujourd’hui sur mon blogue (veroxray.wordpress.com).

  14. Véronick : je suis très contente que certaines questions soient reprises et que les blogueuses et blogueurs aient le goût d’en discuter chez eux 🙂

  15. Bonjour,

    Un seul avis, en fait.
    Il existe une confusion entre toutes ces journées dédiées à tel ou tel….
    L’idée, même si elle est puérile, serait celle de « FEMMES/HOMMES et/ou HOMMES/FEMMES ».
    Pas seulement pour une journée, mais en trouvant une autre évolution, formule, concept……, bref, peu importe, mais une VÉRITABLE PRISE de CONSCIENCE pour l’ACCEPTATION afin d’avancer Humainement (ça serait déjà pas mal !).
    Merci
    Florence

  16. Moukmouk> a priori le travail prend meme encore plus de place dans la vie des femmes ou du moins dans leurs preoccupations. en france en tout cas, la precarite est essentiellement feminine (je crois que 80% des temps partiels sont travailles par des femmes), et elles combinent un travail (mal) remunere au travail domestique non remunere. cest la merde.

  17. Ping : Isabelle T
  18. Avec les mères porteuses, l’adoption, et bientôt, l’utérus artificiel, je pense qu’il reste bien peu de temps avant que la maternité ne soit plus l’apanage de la femme.

    Non seulement les valeurs de la société sont devenues unisexe, comme disait Nadia, et que les relations h-f sont devenues un peu ennuyantes, comme disait JS Marsan, mais, à mon sens, c’est seulement une première étape vers la déshumanisation au profit de robots ou de clones, qui sont performants, qui ne nécessitent pas de soins de santé, et dont les hormones et les émotions sont régulées, ou supprimées, par de la médication ou autre.

    Autrement dit, à cause de choix sociaux, et d’avancements de la science, la femme est de moins en moins femme, l’homme est de moins en moins homme, et j’espère me tromper, mais les deux seront aussi de moins en moins humains.

  19. Quelle résonance a le mot féminisme pour moi?

    Quand je pense au féminisme, je pense à la possibilité pour la femme de faire ce qu’elle veut, quand elle le veut. Il y a encore trop de modèles stéréotypés qui font en sorte que certains comportements passent mieux en société lorsqu’ils sont adoptés par des hommes plutôt que par des hommes. Est-ce la faute des hommes, celle des femmes? Ni l’un ni l’autre, nous nous moulons à ce que nous voyons sans nous poser la question.

    En 2010, est-il toujours pertinent de parler d’égalité? Faut-il aborder la question autrement?

    J’aborderais davantage la question sur la notion de complémentarité plutôt que d’égalité, nous sommes différents, dans notre façon d’aborder la vie. La femme n’est pas plus forte ni plus faible que l’homme, mais différente.

    Nomme trois personnalités féminines qui t’inspirent… et trois femmes autour de toi que tu admires.

    Je ne peux faire autrement que penser à Me Jeanne D’Arc Lemay, la première femme admise au Barreau de Québec, en 1946. Se tailler une place dans un milieu fort masculin nécessitait une force de caractère hors du commun que partage également Coco Chanel. Je pense, en terminant, à Michelle Blanc. Bien au-delà des changements majeurs qu’elle a apporté dans sa vie, on ne peut rester indifférente à sa solidité. Souvent soumise à des critiques, elle encaisse les commentaires sans ébranler sa confiance en elle. J’envie cette force de caractère.

    Je pense à ma mère, mon premier modèle féminin. Peu importe les circonstances, elle se fout des barrières et fonce tête première. Je pense en terminant à ma copine Katherine que je connais depuis l’âge de 3-4 ans. Ingénieure, elle a mis de côté sa carrière pour élever 2 enfants magnifiques en assumant pleinement son choix.

    Crois-tu que les questions féministes (sur le travail, les rôles dans le couple etc.) doivent évoluer?

    J’ai mentionné plus tôt que la question du féminisme devait être abordée sous l’angle de la complémentarité. Par conséquent, les questions féministes devraient être abordées dans un contexte de dialogue, d’ouverture avec les hommes. Je suis un peu fatiguée de voir le féminisme être abordé sous une approche de revendication.

    Comment les hommes (ou toi si tu es un homme) participent à une plus grande égalité entre hommes et femmes?

    Pour avoir côtoyé plusieurs hommes sur le marché du travail et dans la vie (j’ai étudié longtemps dans un milieu d’hommes), je remarque que les hommes ont tendance à s’effacer face à une femme. Pour moi, l’égalité passe par le dialogue, l’ouverture à l’autre.

    Comment vois-tu l’équilibre entre le rôle de femme, la carrière et tout le reste?
    Marc Boilard avait déjà dit un jour que jongler avec la carrière, le couple, les enfants, consistait à jongler avec 3 balles et 2 mains. Il faut choisir. Nous ne pouvons tout avoir.

    Est-ce la décision de se consacrer entièrement son rôle de mère, en mettant parfois le concept de carrière en attente, est en contradiction avec le féminisme?
    Comme je l’ai souligné, un de mes modèles féminins est une femme qui a mis de côté sa carrière pour vivre à fond son rôle de mère. Elle assume pleinement ses choix et se fout des modèles à suivre. Pour moi, le féminisme, c’est ça, faire ce que l’on veut, peu importe ce qu’on attend de nous et de l’assumer pleinement.

    As-tu l’impression que le femmes sont encore cantonnées dans des rôles socialement acceptables?

    Plusieurs tabous sont tombés mais il reste beaucoup de choses à faire sur le plan des mentalités.

    Si oui, que ferais-tu pour changer cela?

    J’ai l’impression de me répéter mais je dirais l’ouverture face aux différences, tant chez les femmes face aux hommes et l’inverse que les femmes face aux autres femmes.

    Le droit de choisir pour une femme, ça représente quoi pour toi?

    C’est choisir la vie qu’elle veut mener, incluant la carrière, la vie de couple, le choix ou non d’avoir des enfants. Le droit de choisir pour moi, c’est la liberté de choix.

  20. Névrosia : j’ai twitté ton commentaire de blogue…

    Geneviève : tu es en avance sur la science, mais ça semble aller vers là…

    Natalie : De bien belle pistes de réflexion et des constats on ne peut plus vrai… Nous sommes tous et toutes prisonniers de nos stéréotypes.

    Merci!

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