Cette semaine je me sens comme dans un épisode de téléroman américain : vous savez quand le héros fait quelque chose et qu’il se le fait faire en retour. Pas dans un sens sexuel, plutôt en ce sens, où parfois on vit la même situation des deux bouts de la lorgnette dans le même épisode de vie. Bon, arrêtez de penser croche, mesdames et messieurs, je parle de révision de textes.
En communication, on s’habitue à recevoir des copies remplies de corrections arbitraires, on se réjouit donc quand les corrections sont justifiées. Ma pire histoire en la matière: un patron anglophone dont les textes en anglais étaient confus et qui croyait dur comme fer être un as de la rédaction française. Moi et la langue de Molière, me disait-il, tout en raturant mes copies pour y inclure anglicismes et fautes d’usage. Yeah whatever, que je pensais dans ma Ford intérieure. Ce fut un un chemin de croix qui a certainement fait de moi une meilleure personne. Pis peut-être pas non plus!
Donc, cette semaine, je corrigeais et j’étais corrigée. D’une part, je retravaillais les textes bien conçus d’une spécialiste de la biométhanisation en vue de les utiliser sur le Web. Ma vis-à-vis savait tout à fait à quoi s’attendre et mes ratures et reformulations ne l’ont pas hérissée. D’autre part, je recevais le résultat de la révision de notre livre. La surprise à été grande pour Michelle: d’abord de recevoir une copie papier (notre directrice littéraire nous a gâtées en travaillant sur support électronique), ensuite de constater qu’il y avait plusieurs corrections sur chaque page.
Pour un auteur, cette étape est souvent souffrante, surtout quand il faut débattre de la pertinence de certaines corrections, afin de ne pas laisser son style devenir trop générique. Vous le devinez certainement, mais une langue parfaite à l’écrit peut être ennuyeuse. Dans le cas de notre livre, notre objectif est de garder la couleur et l’expressivité de Michelle, ce franc-parler qui fait sa marque de commerce, tout en veillant à maintenir registre de langage oscillant entre le soutenu et le courant. Nous boirons donc toutes du vin à l’eau…
Je reste zen : à la vitesse où nous avons mis en forme ce livre, cette étape se déroule bien et je me réjouis de ne pas avoir à corriger plus en détails moi-même. J’aime bien aussi avoir une directrice littéraire qui a suivi le processus d’écriture et appuie nos choix… C’est le but d’avoir une équipe d’édition : dès que tout est rédigé on reçoit des conseils sur la structure, la qualité de langue, le visuel et la promo.
Bon, j’y retourne, j’ai encore des pages à réviser et des corrections à approuver. Comme disait ma grand-mère, à chacun son métier et les moutons seront bien gardés 😉
Oh que j’ai sursauté à « corrections arbitraires »! Oh oh oh! Ha ha ha! Mais je crois comprendre ce que tu veux dire: il est en effet malheureux de ne pas avoir soit accès à la personne qui a fait les corrections, soit plus de temps, du côté de la correction, pour le consacrer à expliquer les motivations des corrections. Souvent, je corrige et le client rature et écrit « stet ». Il publie ensuite des impropriétés et des anglicismes, car il n’a pas pensé que j’en savais plus long que lui et n’a pas posé de questions (pire: parfois le client tient mordicus à ses idioties!). Par contre, il est vrai que certaines corrections se discutent: en correction, on finit par prendre un bel élan, et on se mêle parfois… de ce qui nous regarde moins!
Je me disais en adaptant des textes pour le Web que plusieurs de mes choix pouvaient paraître « arbitraires », au même titre que certaines corrections de notre réviseure. Dans les deux cas, si on regarde de plus près, il y a des règles que le professionnel suit et des détails qu’il voit mieux que l’auteur. Et puis, si on accepte de vivre avec quelques entorses à la syntaxe ou des anglicismes assumés, le savoir est un avantage…
Quant aux corrections arbitraires, je pensais au milieu des communications, où parfois on se voit corriger par un supérieur qui joue au professeur et dont la spécialité est loin d’être la langue…
J’évite ça en n’ayant pas de patron (mais j’ai connu!). L’avantage (pour moi!) de mes clients, c’est qu’ils ne me le disent pas (généralement) quand ils bousillent (après mon passage) un texte correct! 😉