Un modèle de copyright inspiré du blockchain de Bitcoin

Sur le Web, toutes les images semblent être en libre circulation et même avec une licence de copyright, comment suivre l’utilisation de notre travail quand il est modifié et réutilisé par un faussaire ou artiste de la citation qui détourne les œuvres à son profit?

Les notes de la chroniques présentée à La sphère le 31 octobre.

Il faut peut-être récupérer les mécanismes de vérification sous-terrain qui existent déjà et les appliquer au domaine de l’art… Sur le Web, tout laisse des traces, il suffit de harnacher le pouvoir des réseaux pour remonter toutes les chaînes…

Et serez-vous surpris d’apprendre que tout cela se passe principalement à Berlin et New York, avec des petites entreprises et des OBNL dédiées à la question de l’art numérique et son attribution?

L’attribution historique classique

  • Depuis l’avènement de l’ordinateur, les artistes ont vu un l’intérêt de l’art numérique : en 1985, au lancement du Commodore Amiga, Andy Warhol créait un œuvre en modifiant une image de Blondie avec le programme ProPaint. Le disque floppy de l’œuvre a été ignoré, jusqu’à l’année dernière alors que Cory Arcangel le trouvait dans les archives de Wharol.
  • Ici, l’histoire retrace de façon incontestable la provenance de l’œuvre. Mais avec la profusion des œuvres numériques, œuvres créés sur ordinateur, numérisées, modifiées sur ordi etc., la question de l’attribution de la source se pose fréquemment.

L’art « pirate » ou détourné…

  • Par exemple en 2015, l’artiste Richard Prince, qui pige ça et là des images sur le Web qu’il signe, présentait l’exposition New Portraits (2015) à la galerie Gagosian : une série de photos prises sur Instagram, dont certaines de peintures existantes, sans aucune autorisation, agrandie et qui se sont vendue autour de 100 000 $ chacune, tous les profits allant à l’artiste et ses représentants…
  • Comment protéger son travail artistique ou au moins en garder l’attribution originale, dans un contexte ou les images circulent en quelques secondes et peuvent être modifiées aussi rapidement?
  • C’est ce que les spécialistes des monnaies virtuelles proposent avec des services comme Moneygraph ou Ascribe.

Comment marche le système d’authentification du Bitcoin :

  • Le blockchain est une base de données ouverte, partagée sur plusieurs serveurs (chacun a un bout) qui se met à jour à tous les 10 minutes et qui ne peut être altérée, imaginons un chiffrier partagé et géré par une large communauté qui le met à jour et valide les infos en temps réel.
  • Blockchain-itBitpresLa transaction :
    • Chaque Bitcoin au moment de son émission est jumelé à un code d’authentification qui se trouve sur un maillon d’une chaine.
    • Quand je veux payer X avec mon ou mes Bitcoins, ce numéro doit être validé et son transfert consigné.
    • La validation se fait par des tierces qui minent les informations disponibles jusqu’à retracer la chaine complète.
    • Ces « mineurs » publient leurs calculs en preuve de chaque transaction autorisée et obtiennent une fraction de ladite transaction en compensation.

Les projets et compagnies qui s’intéressent à la chaine d’authentification artistique :

  • Rhizome : un organisme à but non lucratif qui travaille à créer une archive des œuvres numériques (natives) qui tenait le 22 octobre dernier un panel sur la question avec Kevin McCoy, le créateur de Moneygraph, compagnie basée à New York.
  • L'interface de Ascribe
    L’interface de Ascribe

    Toujours à Berlin, depuis un an une jeune compagnie se positionne dans le domaine de l’authentification des œuvres, Ascribe que j’ai visité et testé…

  • L’avantage de ses services pour les artistes, c’est qu’avec le système blockchain, une fois l’œuvre enregistrée sa date d’enregistrement et son attribution sont « bloquées » dans une chaine et toute utilisation peut être retracée au fichier original.
  • Le modèle d’affaires des ces compagnies ressemble beaucoup à Bitcoin : c’est-à-dire qu’ils dégagent des profits du volume de transactions que les grands marchands d’art génèrent.
  • On verra peut-être aussi apparaitre dans le domaine de l’art numérique, un temps de consigne comme pour les prêts entre institutions ou les prêts de livres numériques, donc une œuvre sera exposée sur un site pour un temps déterminé. Ce qui évitera, qu’on utilise le travail d’un artiste comme piège à clic pour une éternité…

Dans un monde où l’attribution est la voie de la monétisation et où les artistes cherchent à éliminer les nombreux intervenants de la chaine de distribution, on peut présumer que ce modèle continuera de se développer…

Les références :

http://www.coindesk.com/blockchain-technology-inspiring-art/

http://bravenewcoin.com/news/digital-art-ownership-tracked-with-bitcoins-blockchain-technology/
http://artfcity.com/2015/10/22/the-blockchain-and-digital-art-on-ascribe-and-its-new-form-of-art-authentication/

Nadia Seraiocco

Spécialiste relations publiques et médias sociaux | conférencière | blogueuse

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