On apprenait hier, par le biais d’un court article du Devoir signé Luc Boulanger que Bertrand Cantat, – vous savez ce chanteur «mêlé à une sombre affaire de violence conjugale» qui a causé la mort de Marie Trintignant à l’été 2003 – allait monter sur scène pour souligner les 60 ans du TNM, sous la direction de Wajdi Mouawad. Coulée comme ça en douce à un journaliste théâtre, la nouvelle avait tout l’air d’une petite bombe qu’on allumait, mine de rien, pour lancer le débat. Ça a marché.
Le contexte. En octobre 2010, Cantat est remonté sur scène pour une première fois depuis 2003, quelques mois après la fin de son contrôle judiciaire et moins d’un an après le suicide de sa femme, dans le cadre d’un concert bénéfice pour un tremblement de terre au Chili. Déjà là, dans ce contexte plutôt approprié pour amorcer un retour au public, les avis étaient partagés.
Le cœur de l’affaire. Or, dans le cas des 60 ans du TNM, on nous plante Cantat dans un spectacle qui rend hommage aux femmes de Sophocle. Des figures comme Antigone, Électre et les Trachiniennes. Des femmes fortes, marquées par leur destin tragique, en proie à la tyrannie des hommes et tentant de résister… Choisir un homme coupable de l’homicide involontaire de sa compagne pour en assurer la musique n’est pas ici anodin. Que ce soit au nom de l’amitié ou de réhabilitation, on nous mène en bateau ou l’on est naïf, si l’on nous dit qu’il n’est question que de choix musical.
J’ai l’impression d’être devant un coup de publicité arrogant et vil, une mise en scène voulant nous faire croire qu’il est bon de discuter de rédemption, quand le seul but est de faire éclat. Mouawad voulait-il créer un effet choc? Il a créé un effet cheap s’il en est un et tout le monde en parle sur tous les tons. Bravo.
Je n’avais même pas vu ça. (Et ton blog est tellement beau, chaque fois je suis soufflée)
Vé
Merci, c’est un modèle pour magazine, très facile à installer… Je fais ça moi-même à la mitaine :-))